Courrier des lecteurs

Publié le 14 octobre 2009 Lecture : 6 minutes.

Message de solidarité aux Guinéens

– Nous Africains de la diaspora sommes profondément consternés par les événements qui se passent en Guinée. Il y a dix mois, à la mort de Lansana Conté, nous osions espérer un début de dénouement pour la déplorable situation de la Guinée. Mais voilà qu’un jeune capitaine du nom de Moussa Dadis Camara s’est emparé brutalement du pouvoir. Ses paroles étaient trop belles pour ne pas inspirer immédiatement la méfiance. Il se prétendait « homme de paix », mais le sel ne se dit pas salé. Quand il a besoin de le faire, c’est qu’il doute de lui-même.

la suite après cette publicité

Dadis n’a pas tardé à montrer son vrai visage. Il n’a aucun sens de la dignité et du respect, ni de lui-même, ni des autres. Il humilie des ministres, des ambassadeurs, des avocats, des leaders respectables qui ont bravé un autre dictateur : Lansana Conté. Et maintenant il les fait tuer, puis tente de laver ses mains dans l’innocence. Il va même jusqu’à rendre ses victimes responsables de ce qu’elles ont subi. Il déclare deux jours de deuil national, mais menace ceux qui veulent dénoncer l’injustice. Enfin, il ose promettre son assistance aux familles meurtries. Une lâcheté que l’on avait encore jamais vue de la part d’un dictateur.

Nous qui avons coutume de nous vanter de notre africanité et de notre solidarité africaine, aujourd’hui nous avons honte d’être africains et africaines. Nous nous demandons comment tout cela peut se passer en Afrique.

Nos chers braves frères et sœurs guinéens, nous partageons profondément votre douleur, nous sommes avec vous en esprit et par le cœur. Ne baissez pas les bras, votre avenir et celui de vos enfants dépendent de l’issue de cette lutte. Toutes les nations qui se sont construites sont passées par ce dur chemin. Que Dieu vous assiste et que vos sacrifices ne restent pas vains.

Augustine Niare, Zuidhorn, Pays-Bas

la suite après cette publicité

Pire que la démence

– Tirer sans considération dans la foule avec une férocité inouïe, comme si on avait affaire à du bétail, parce que les Guinéens s’opposent à la prochaine candidature de celui qui, au départ, avait juré de ne pas se présenter ! C’est pire que de la démence ! C’est aussi un funeste signal : si ce régime perdure, il sera pire que ceux de ses deux lugubres prédécesseurs réunis. Car les sbires de la junte ne peuvent commettre des actes aussi gravissimes sans l’aval du maître devenu paranoïaque. Je suis également médusé par la sordide prestation sur les antennes internationales, dont France 24, du chargé de communication du capitaine Camara, qui a tenté – avec une si grande servilité – de minimiser la « boucherie de Conakry ».

la suite après cette publicité

Trésor Gilbert Ramazani, Hamm-Westfalen, Allemagne

Dadis dans le box des accusés

– Il faut appeler un chat un chat. D’abord, la communauté internationale porte à mon avis une responsabilité indirecte dans le carnage sauvage qui a eu lieu en Guinée. Personne n’avait le droit d’interdire à Dadis de se présenter à la présidentielle. Coup d’État ? Quel coup d’État ? Après la mort de Conté, et même avant, le pouvoir était inexistant, par terre, et Camara n’a eu qu’à se baisser pour le ramasser !

Franchement, entre le prétendu coup d’État du Guinéen et celui – avéré – du Mauritanien, lequel était le plus abject ? Pourtant, Joyandet nous a regardés dans les yeux pour nous dire que le putschiste mauritanien était un démocrate. Pourquoi ce deux poids deux mesures ? Il fallait simplement dire à Dadis de démissionner de l’armée et de se présenter. Tous les Guinéens ont fini par se rendre compte que ce n’était qu’un clown. Si, malgré cela, ils acceptaient d’avoir un personnage aussi grotesque à la tête de leur État, en quoi cela concernerait-il la France, l’UA, la Cedeao et tous les autres donneurs de leçons ?

Avec cette levée de boucliers contre son éventuelle candidature, le monsieur a senti le pouvoir et ses délices lui glisser entre les mains et il s’est braqué ! Il a pensé qu’en tuant des hommes, il s’affirmerait… à l’image de Sékou Touré. Et le voici devenu présumé coupable de crime contre l’humanité… à l’image de Charles Taylor ! Ce monsieur n’a qu’une place au monde maintenant : un siège dans le box des accusés de la Cour pénale internationale. Nulle part ailleurs.

Ceasar Abekwe Accra, Ghana

Que la force soit avec Obama !

– Oui, M. Béchir Ben Yahmed a raison dans son éditorial « Votre bombe, quelle couleur ? » (J.A. n° 2541) : je suis choqué, que dis-je, je suis médusé de savoir qu’il y a au-dessus de ma tête, au-dessus de la tête de mon fils, 23 385 têtes nucléaires actives et en réserve ! Sûrement de quoi faire péter notre bonne vieille terre… Comme s’interroge BBY, Obama aura-t-il la force de faire changer les mentalités ? Je suis chrétien et j’ai prié pour que ce « nègre » arrive au pouvoir de la première puissance mondiale, afin de rétablir l’équilibre international… Que Dieu lui donne la force… Inch’ Allah !

Frédéric Peyronnet, Garrigues, France

Kadhafi, roi du diktat

– La rubrique « En hausse, en baisse » du J.A. n° 2540 gratifie notre président de la Confédération helvétique du plus mauvais résultat en écrivant qu’il est la risée de ses concitoyens. C’est peu dire que le peuple suisse rit de lui, alors qu’il est envahi d’une sourde colère – au demeurant bien compréhensible si l’on reprend le fil des événements.

La Suisse est gouvernée par le Conseil fédéral, qui regroupe sept conseillers fédéraux (ministres) de tous horizons politiques, lesquels s’appliquent à maintenir ce que nous nommons un « consensus mou ». La fonction de président échoit à l’un d’entre eux, à tour de rôle, pour un an.

Le « scandale » créé par Hans-Rudolf Merz [qui, le 20 août, a présenté ses excuses à la Libye pour l’arrestation en juillet 2008 de Hannibal Kadhafi, NDLR] réside dans le fait qu’il a agi seul dans un domaine qui n’est pas le sien, puisque son département est celui des Finances. Les citoyens lui auraient pardonné son incartade si, comme il l’a claironné, il était revenu de Tripoli avec les otages suisses dans son avion présidentiel, à l’instar de ce qu’avait fait Cécilia Sarkozy avec les infirmières bulgares.

Seulement, à ce jour, d’otages libérés, point, et la situation se dégrade avec la mise en place d’un tribunal arbitral à Genève pour tenter de démêler l’écheveau. Une pelote dont les fils s’entremêlent encore à l’annonce par Tripoli que, dans l’accord conclu, il n’était pas question d’une libération immédiate de nos techniciens confinés dans l’ambassade de Suisse en Libye. Fort de son statut de président de l’UA, et de son retour en grâce sur l’échiquier international, le « roi des rois traditionnels d’Afrique » impose son diktat à quiconque s’oppose à ses caprices.â©Christian Schneider, Peseux, Suisse

Gafsa, oasis en péril

– L’antique Gafsa était la porte du désert par où passaient les caravanes sur la route de l’Égypte. C’était une ville-carrefour, dont les monuments restent témoins des civilisations qui l’imprégnèrent. Mais ses piscines romaines, comme les remparts d’El-Bordj (la forteresse) et l’escargotière El-Assala, par exemple, ne sont plus visités comme avant, et la ville voit ses monuments se dégrader faute d’entretien. L’oasis de Gafsa – l’une des plus belles du pays – est en péril. Les circuits touristiques traversent la ville, ne s’arrêtant que par nécessité, puis se dirigent vers Tozeur. Le secteur artisanal en souffre. Je veux attirer l’attention des autorités pour qu’elles se penchent sur ce problème et sauvent cette ville historique avant qu’elle ne s’enfonce dans l’oubli.

Akermi Taïeb, Gafsa, Tunisie

Élection en trompe l’œil

– Au moment où le Gabon entre dans une phase décisive de son histoire, c’est le moment d’intervenir politiquement afin d’éviter l’irréparable. J’étais parmi ceux qui, vertement, s’opposaient à la candidature d’Ali Bongo, non parce que celui-ci serait incompétent ou qu’il n’aurait pas le droit de se présenter, loin de là. Je trouvais indécent de pérenniser le règne Bongo. C’est comme si une république ivre, ayant perdu ses repères, s’échouait en monarchie au moment où les Gabonais ont le plus besoin de démocratie. Les élections n’ont servi que de trompe-l’œil pour occulter une désignation réalisée avant même la mort d’Omar Bongo. Mais les plus à plaindre, moralement, restent les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), sans ambition, sans projet, qui ont préféré la « monarchie » à la république. Quand on a vécu dans la courtisanerie, il est difficile de s’en défaire du jour au lendemain.

Freddy Matundu Lengo, Mulhouse, France

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires