Europe : irréductible Vaclav Klaus !

Après bien des péripéties, les Irlandais ont fini par ratifier le traité de Lisbonne. Seul désormais le président tchèque s’obstine à bloquer la mise en place des nouvelles institutions.

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 13 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Un irréductible Tchèque va-t-il réussir à bloquer la mise en place des nouvelles institutions européennes ? On sait que celle-ci dépend de la ratification préalable par les vingt-sept membres de l’Union du traité de Lisbonne, qui en constitue la base. Après son rejet initial par plusieurs pays (France, Pays-Bas, etc.), une version « simplifiée » du texte a été soumise aux récalcitrants et, après bien des péripéties, adoptée par les Parlements nationaux, le recours à de nouveaux référendums populaires paraissant trop incertain. Restaient les cas de la République tchèque, de la Pologne et de l’Irlande.

« Spécificité celte »

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Le dernier a été tranché le 4 octobre. En juin 2008, les Irlandais avaient sèchement (53,4 % des suffrages) rejeté le traité de Lisbonne. Ils ont cette fois massivement (67,1 %) approuvé un texte légèrement remanié pour tenir compte des « spécificités celtes » : pas de légalisation de l’avortement, neutralité militaire, maintien de faibles taux d’imposition, etc. Il est vrai qu’entre-temps la crise a très durement frappé une économie locale que les subventions massives de Bruxelles avaient, depuis 1973, largement contribué à faire décoller…

Eurosceptique notoire, le président polonais Lech Kaczynski a pour sa part tergiversé autant qu’il l’a pu avant de ratifier le traité. Prudent, il avait toute­fois conditionné l’apposition de sa signature à une victoire du « yes » au second référendum irlandais. Ses services ont annoncé qu’il tiendrait parole dès le 10 octobre.

Rien de tel à Prague. Le traité de Lisbonne a certes été ratifié par les députés tchèques, en février, puis par les sénateurs, en mai, tandis que le Premier ministre Jan Fischer s’y montre résolument favorable, mais rien n’y fait : le président Václav Klaus refuse obstinément de le signer. Pour lui, la question n’est tout simplement « pas à l’ordre du jour ». Économiste de formation, Klaus est un ultralibéral (« Je ne connais pas d’argent qui soit sale », dit-il), un pourfendeur délirant de l’écologie (« aussi dangereuse que le communisme ») et un intraitable contempteur de la bureaucratie bruxelloise, dont il compare le fonctionnement à celui de la défunte URSS !

Non sans rouerie, il a incité un groupe de sénateurs eurosceptiques à saisir la Cour constitutionnelle afin qu’elle statue sur la conformité du texte avec la Loi fondamentale tchèque. Et il espère que les juges prendront tout leur temps pour se prononcer. Si possible jusqu’à la victoire annoncée des conservateurs britanniques aux élections législatives, en mai ou en juin 2010. Car David Cameron, le leader des Tories, a promis d’organiser un référendum à ce sujet, alors même que le texte a déjà été ratifié par le Parlement. En cas de victoire du « no », la mise en place des nouvelles institutions serait à nouveau bloquée.

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Jeux et enjeu

Ces jeux politiciens peuvent paraître futiles. Leur enjeu n’en est pas moins considérable. Car l’Europe a, pour la première fois, l’occasion de s’affirmer en tant que puissance politique. En lieu et place de l’actuelle présidence semestrielle, qui ne contribue pas à la cohérence de la politique suivie, le traité prévoit l’instauration d’un poste de président disposant d’un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois, et un renforcement des pouvoirs du haut représentant pour la Politique étrangère et la Sécurité, ainsi que de ceux du Parlement. Par ailleurs, le processus de prise de décision va être considérablement simplifié. Les veto nationaux seront par exemple supprimés dans de nombreux domaines, la coopération judiciaire et policière, notamment.

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