Lutte antisida en Mauritanie : un intermédiaire indélicat ?

Le Fonds mondial de lutte contre le VIH dénonce des « dépenses inéligibles et frauduleuses ». Et suspend le versement de ses subventions.

Publié le 13 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Les 14 000 Mauritaniens malades du sida souffriront en silence. Le 9 septembre, le Fonds mondial de lutte contre le sida a annoncé qu’il ne verserait pas les 11 millions de dollars de subventions promis au pays. Il a aussi exigé de son intermédiaire à Nouakchott, le Secrétariat exécutif national de lutte contre le sida (SENLS), qui perçoit les allocations et les redistribue aux institutions locales, le remboursement d’une partie des sommes déjà reçues, soit 1,7 million de dollars (sur un total de 6,1 millions). Sommaire, l’explication fournie par le Fonds mondial invite à conclure à une sombre affaire de détournement : « des dépenses inéligibles et frauduleuses ont été constatées », indique-t-il.

Mais si elle jette le discrédit sur la Mauritanie, l’affaire n’a pas été étouffée. Depuis un mois, la presse locale en a fait ses choux gras. Pour l’hebdomadaire Le Calame, le scandale éclate « au mauvais moment, celui de la grande disette financière ». L’Inspection générale d’État (IGE), sorte de gendarme anticorruption, a ouvert une enquête. Quant au secrétaire exécutif chargé de la lutte contre le sida, le docteur Abdallah Ould Horma, gastro-entérologue formé à Paris et ancien praticien à l’hôpital de Nouakchott, il a été arrêté chez lui, dans la soirée du 2 octobre, par la police chargée des crimes économiques.

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Deux versions de l’affaire s’affrontent. Ould Horma, sentant le vent tourner, aurait démissionné du SENLS à la mi-août pour devenir coordinateur de l’Onusida en Centrafrique… et se mettre à l’abri. Et s’il est revenu à Nouakchott cinq jours avant son arrestation, c’est qu’il n’avait pas le choix. Contactée par J.A., son épouse, Mariam Mint Haba, affirme que c’est en 2008 qu’il s’est porté candidat à ce poste, parce que « cela l’intéressait » et qu’il est rentré spontanément pour collaborer avec les autorités.

Cette affaire est-elle l’occasion de montrer à la communauté internationale qu’en Mauritanie les dollars ne s’envolent pas en toute impunité ? À l’heure où Nouakchott renoue avec les bailleurs de fonds, après une suspension de l’aide consécutive au putsch de 2008, cela n’est pas exclu. Mais, pour le moment, aucune preuve n’a filtré de l’enquête. Reste que la confusion est totale. En mars 2008, lors d’une réunion annuelle organisée à Madagascar par la Banque mondiale et l’Onusida, la Mauritanie a décroché la médaille de la meilleure performance en matière de lutte contre le VIH-sida…

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