Bonne gouvernance : bilan mi-figue, mi-raisin en Afrique du Nord
Pour la première fois depuis sa création, en 2006, l’index africain de la fondation du milliardaire Mo Ibrahim couvre les cinq pays du Maghreb et l’Égypte.
Mo Ibrahim, 63 ans, est un milliardaire britannique d’origine soudanaise. Le dernier palmarès du magazine américain Forbes le classe au 334e rang (sur 793) des fortunes mondiales avec 2 milliards de dollars. Cet ingénieur électricien, qui s’est illustré dans les télécommunications dans les années 1990, a cédé ses diverses sociétés pour couler une retraite dorée à Londres, tout en se consacrant à une bonne cause : la promotion de la bonne gouvernance sur le continent. Lancée en 2006, sa fondation* distingue chaque année un leader africain à qui elle remet un prix de 5 millions de dollars (le nom du prochain sera connu le 19 octobre). Elle dresse également un classement des pays africains selon la qualité de leur gouvernance politique et économique (Ibrahim Index of African Governance). Ce palmarès, qui a commencé en 2007, ne couvrait au départ que les pays africains subsahariens. Le palmarès 2009, publié le 4 octobre au Cap (Afrique du Sud), porte cette fois sur les 53 pays africains, dont les six pays d’Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie.
Très novateur, l’indice composite de bonne gouvernance englobe 84 critères élaborés par une équipe de chercheurs indépendants sous la direction d’Hania Farhan, avec la collaboration de plusieurs experts africains et étrangers. Les quatre principaux critères (État de droit, droits de l’homme, bilan économique, développement humain) étant pondérés de la même façon (25 % chacun), les Nord-Africains s’en sortent plutôt bien. La Tunisie est 8e, l’Égypte 11e, l’Algérie 14e et le Maroc 16e, avec des notes supérieures à 50 sur 100. La Tunisie fait même mieux selon le seul critère économique (2e). En matière de développement humain (éducation, santé et revenus), cinq pays nord-africains font partie du top 10 : la Tunisie (2e), la Libye (3e), l’Algérie (6e), l’Égypte (7e) et le Maroc (8e).
Mais dès qu’on se réfère aux sous-critères – la sécurité des biens ou la liberté des personnes, la vie politique intérieure ou les droits de l’homme –, ces pays basculent dans la seconde moitié du tableau. La Mauritanie pointe au 22e rang, devant l’Algérie (31e), l’Égypte (34e), la Tunisie (35e), le Maroc (40e) et la Libye (50e). Les choses empirent, selon l’index, s’agissant des élections ou de la liberté de la presse. Les pouvoirs concernés peuvent ignorer ce classement, voire le dénigrer. Il n’a certes pas de valeur scientifique et ne tient pas compte des progrès les plus récents (les données sont celles de 2007 ou 2008). Mais il a le mérite de dépasser les seuls critères de « compétitivité » chers au Forum de Davos.
* www.moibrahimfoundation.org.
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