Accord fragile
Un Premier ministre de consensus a enfin été nommé à Antananarivo, sous l’égide de la communauté internationale. Mais le camp Ravalomanana rechigne.
Après la « percée » obtenue à Paris, lors d’un face-à-face entre Andry Rajoelina, â¨le « président » autoproclamé, et l’ex-chef d’État Didier Ratsiraka, fin septembre, le groupe de contact international (GCI) parle d’une « avancée », obtenue après moult pressions le 6 octobre.
Longtemps arc-bouté sur ses positions, Andry Rajoelina a donc fini par lâcher son Premier ministre, Monja Roindefo. Ce dernier a bien tenté de défendre sa place, en s’invitant à la réunion, mais il a été prié par les médiateurs de quitter la salle.
À Maputo, en août, les quatre « mouvances politiques » s’étaient entendues pour que le Premier ministre « de consensus » soit choisi dans le camp de Didier Ratsiraka. Finalement, le choix s’est porté sur un universitaire peu connu, Eugène Mangalaza, qui ne devrait pas faire de l’ombre aux ténors.
Originaire de Toamasina comme l’ex-chef d’État, ce docteur en philosophie de 59 ans possède une expérience limitée en politique mais jouit de la confiance de Ratsiraka, qu’il avait représenté en 2002 lors des pourparlers avec le camp Ravalomanana.
Mangalaza aura une lourde tâche : diriger un gouvernement pléthorique, constitué de trois vice-Premiers ministres et de vingt-huit ministres issus de quatre mouvances.
« On n’attend pas de lui des miracles, seulement qu’il mène Madagascar à bon port, c’est-à-dire à des élections propres », indique Serge Zafimahova, un représentant de la société civile. Rajoelina dit vouloir les organiser avant le 26 juin 2010, 50e anniversaire de l’indépendance.
Si pour Ablassé Ouédraogo, envoyé spécial de l’UA, « le plus dur a été fait », certains pensent que les prochaines semaines seront délicates car « il y aura bataille pour les portefeuilles ministériels ». D’autant que le camp Ravalomanana a déjà manifesté son mécontentement. Ses représentants exigent en préalable que Rajoelina s’engage à ne pas participer à la prochaine présidentielle. Une revendication qui a essuyé le refus du principal intéressé et du GCI, « car ce n’était pas stipulé dans les accords de Maputo », précise Ablassé Ouédraogo.
Malgré tout, la communauté internationale veut sceller cette « avancée » en organisant « au plus vite » – probablement avant la fin du mois d’octobre – un troisième round de négociations réunissant les quatre chefs de file.
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