Génocide, la traque continue

Idelphonse Nizeyimana, recherché par la justice internationale, a été arrêté en Ouganda. Onze acteurs majeurs du massacre de 1994 sont encore en cavale.

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 13 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

A Arusha, en Tanzanie, siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’heure est à la satisfaction. Roland Amoussouga, porte-parole de l’institution, ne le cache pas : « Ce qui vient de se passer à Kampala est un effort combiné d’Interpol, de la police ougandaise et de l’équipe spécialisée du bureau du procureur du TPIR. Pour la première fois, l’accusé a été transféré à Arusha en moins de trente-six heures. C’est une coopération efficace. » Idelphonse Nizeyimana, la grosse prise, est un ancien capitaine des Forces armées rwandaises (FAR), chargé du renseignement. Présenté comme un proche de l’ancien président Juvénal Habyarimana, son nom figurait sur la liste des accusés du TPIR les plus recherchés pour leur rôle crucial dans le génocide.

Dans cette catégorie de gros poissons, ils sont onze à continuer à jouer au chat et à la souris avec ceux qui les traquent. C’est le cas de Félicien Kabuga, riche homme d’affaires de l’ancien régime rwandais. Il serait, selon l’accusation, celui qui a financé le génocide en fournissant, notamment, les machettes du crime. Il aurait trouvé refuge au Kenya. Ce que Nairobi a toujours démenti. Le procureur général kényan l’a encore assuré, fin septembre à Kigali. Pourtant, en 2003, un informateur qui lui avait tendu un piège pour le faire arrêter, après avoir contacté l’ambassade américaine au Kenya, a été retrouvé mort quelques heures avant le rendez-vous. Selon Roland Amoussouga, le procureur général du TPIR a saisi le Conseil de sécurité pour que le Kenya prouve que Kabuga n’est plus sur son territoire. 

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Congo, Kenya, Zimbabwe…

Autre gros poisson recherché, Protais Mpiranya, chef de la garde présidentielle de Juvénal Habyarimana. Accusé notamment d’être impliqué dans des campagnes de haine raciale, la distribution d’armes à la population, l’entraînement des miliciens Interahamwes, Mpiranya serait également l’instigateur de l’assassinat de la Première ministre de l’époque, Agathe Uwilingiyimana. Il se trouverait au Zimbabwe où il entretiendrait de bonnes relations d’affaires avec certains membres de la classe dirigeante.

Sur cette liste de fuyards, il y a aussi Fulgence Kayishema, Bernard Munyagishari, Aloys Ndimbati, Ladislas Ntaganzwa… Où se cachent-ils ? Au TPIR, on pense particulièrement à trois pays : la République démocratique du Congo, le Kenya et le Zimbabwe. « Le mandat nous a été confié par l’ensemble de la communauté internationale, explique le porte-parole du TPIR. Tous les pays ont l’obligation de coopérer sans qu’on aille nécessairement à la confrontation. » Le tribunal d’Arusha est entré dans la phase ultime de sa mission. Arrêter les personnes recherchées est un aspect important de sa « stratégie d’achèvement de mandat ». Depuis son institution en 1995, son bilan est le suivant : 47 affaires terminées (dont des jugements en appel). À ce jour, seules neuf personnes ont plaidé coupable. Six procès se sont terminés par des acquittements et six détenus ont été libérés après avoir purgé leur peine.

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