André Mba Obame
Ancien ministre de l’Intérieur, candidat à la présidentielle du 30 août.
Jeune Afrique : Qu’attendez-vous de la Cour constitutionnelle ?
André Mba Obame : Depuis le début de la transition, tout le monde prédisait le chaos. Or les Gabonais ont fait, jusqu’à présent, preuve de retenue et de sagesse. Si la Cour prononçait l’annulation de l’élection, ce ne serait que logique. Je lui demande de tout annuler, même si le recomptage me désignait vainqueur. Car avec un président mal élu, il y aura toujours un soupçon, un problème de crédibilité et de légitimité.
Et si la Cour confirmait la victoire d’Ali Bongo ?
Je fais confiance aux institutions de mon pays. C’est la raison pour laquelle j’ai déposé ce recours, en dépit de nombreux avis contraires. Compte tenu de la situation politique, économique et sociale du pays, nous sommes assis sur une bombe. Les frustrations peuvent se transformer en une colère difficile à contrôler. Je m’emploie depuis des semaines à appeler les uns et les autres au calme. Mais la situation peut déraper. Les juges résident au Gabon comme nous tous, et devraient considérer la situation du pays de manière lucide et responsable. Pour réconcilier les Gabonais et leur assurer un avenir meilleur, il faut se donner le temps et les moyens d’organiser de bonnes élections.
Vous sentez-vous en sécurité ?
Non, pas plus que de nombreux Gabonais. Les citoyens subissent des arrestations arbitraires et des violences. À tout moment, on peut être arrêté par des militaires, à son domicile ou sur les routes. Les journalistes sont intimidés, arrêtés, on brouille le signal des certaines chaînes de télévision, les téléphones sont écoutés. Les libertés publiques ont beaucoup régressé. Le climat de terreur est tel qu’il effraie même ceux qui l’ont instauré.
