Hommes-femmes : nouveau mode d’emploi
Il ne suffit pas de décréter l’égalité entre hommes et femmes pour que les mâles dominants s’en accommodent et cessent d’être d’indécrottables machos. Aujourd’hui, la Tunisie est sans doute le pays arabe où les femmes ont le mieux réussi à s’imposer, grâce à la promulgation du code du statut personnel, en 1957, et à ses différentes évolutions. Les Tunisiennes représentent 30 % de la population active, plus de 50 % des étudiants et des diplômés, elles ont investi le monde politique, la magistrature ou encore la haute fonction publique, souvent avec succès. Devant ces wonderwomen des temps modernes, capables d’allier vie active et vie de famille, comment les Tunisiens, pétris de culture arabo-musulmane et élevés selon un modèle patriarcal, s’y retrouvent-ils ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils semblent y avoir trouvé leur compte. « C’est très important que ma femme travaille, explique Yacine, trentenaire et jeune marié. D’abord parce que, quand elle rentre à la maison, elle a des choses à raconter et ne se contente pas de me réciter le menu du dîner ! Et surtout parce que, à notre époque, il est quasi impossible de s’en sortir avec un seul salaire. » C’est par pragmatisme, donc, que nombre d’hommes tunisiens deviennent de fervents défenseurs de l’émancipation féminine. « J’ai pris un crédit pour la maison, elle a pris le crédit pour la voiture. Nous nous soutenons mutuellement », confirme Youssef. Cependant, il le reconnaît : « Les femmes sont sans doute devenues plus exigeantes. Elles voudraient que notre ambition soit à la mesure de la leur, qu’on soit toujours forts. C’est à nous aujourd’hui de réinventer notre place. Nous ne pouvons plus nous contenter de faire comme nos pères. »
