Courrier des lecteurs

Publié le 7 octobre 2009 Lecture : 4 minutes.

Aux sources d’un dérapage d’État

– « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. » Le dernier dérapage de Brice Hortefeux, ministre français de l’Intérieur, a fait l’objet de débats passionnés pendant plusieurs jours. Néanmoins, tous les témoignages ont abouti à la conclusion que ce ministre plutôt austère n’est pas raciste. On ne peut pas non plus considérer les Français comme un peuple raciste, car la France restera toujours une terre d’accueil. À l’instar de Georges Frêche et de Manuel Valls, deux cadres du Parti socialiste français, le premier flic de France n’a fait que répéter très haut ce que certains pensent tout bas. En effet, dans son fantastique « Ce que je crois » (J.A. n° 2541), Béchir Ben Yahmed nous livre avec finesse la source de toutes ces déclarations controversées. En relatant l’histoire de l’armement nucléaire, il écrit ceci : « Mon interlocuteur – blanc, chrétien et politiquement très haut placé – […] a complété sa démonstration par cette phrase d’une actualité brûlante : “Nous ne permettrons en aucun cas à l’Iran de devenir une puissance nucléaire militaire, car deux bombes islamiques, même si elles sont petites, ce serait trop”. [sic] » Par conséquent, M. Hortefeux peut être excusé : il n’est qu’un fusible d’une pensée organisée par un petit noyau de durs. Bravo BBY !

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Paul Nibasenge N’Kodia, Paris, France

La renaissance africaine de Wade

– En apprenant par le papier de Cécile Sow, intitulé « Un président, un monument et une polémique » (J.A. n° 2535) que le président sénégalais Abdoulaye Wade bénéficierait de 35 % des recettes de l’exploitation du site du « monument de la renaissance africaine » pour ses « droits de propriété intellectuelle », je suis pris de stupéfaction et d’amertume. Parce que, dans ma vision, l’homme du « Sopi », devenu président méritoire, est au-dessus de cette polémique. Non, M. Wade, la cupidité et ce type de business, ce n’est pas vous, ça ne vous ressemble pas et ne correspond pas à votre honorable passé de militant. Et puis, qu’entendez-vous par propriété intellectuelle ? S’agit-il d’un livre, d’un disque ou d’un film ? Monnaie-t-on, quand on est chef de l’État, ce qu’on imagine et croit bon pour son pays ? François Mitterrand a-t-il réclamé son dû pour avoir bâti l’opéra de la Bastille ou la Bibliothèque nationale ? Jacques Chirac son musée des arts premiers, Georges Pompidou son centre culturel de Beaubourg ? Et j’en passe ! Monsieur Wade, vous pouvez tout au plus, parce que c’est votre droit moral, donner votre nom au projet, comme le font des hommes d’influence partout ailleurs. S’il vous plaît, M. Wade, ne me décevez pas. Merci !

Dr Samir Doghri, El Mourouj, Tunisie

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Une bien mauvaise image

– Je suis ulcéré de voir les dirigeants africains offrir au monde une piètre image du continent. Lorsqu’il ne s’agit pas d’élections truquées, ce sont des tripatouillages de Constitutions ou des manœuvres pour que le fils succède au père, les deux aspirant à mourir au pouvoir. Le Togo, le Gabon en sont deux illustrations. Pendant ce temps sont en chantier des plans similaires au Sénégal ou en Libye… J’ai honte pour l’opposition, qui se contente de postes ministériels au détriment de ses idéaux qui ont mobilisé nombre de citoyens. Le président Tandja, dont j’ai longtemps été un admirateur, m’a déçu. J’ai cru en Dadis Camara, mais il m’a rappelé que le pouvoir est le meilleur élixir pour vous faire perdre la tête. J’ai mal pour nos hommes politiques sans dignité ni pudeur. Peut-être devrions-nous finalement revenir à l’Afrique des monarchies héréditaires pour que le continent connaisse davantage la paix ?

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Soro Gnenema Bakary, Abidjan, Côte d’Ivoire

Prolifération sous influence

– Dans le « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed, intitulé « Votre bombe, quelle couleur ? » (J.A. n° 2541), la filière évoquée est en effet troublante, mais quelle est la preuve que la Chine s’est débrouillée toute seule et non pas avec l’aide de l’URSS ? Pourquoi la Chine aurait-elle aidé le Pakistan ? Et qui a aidé la Corée du Nord dans cette filière ?Hervé Lerner, Paris, France

Réponse : Il est historiquement établi que les États-Unis ont refusé d’aider (sauf marginalement) la France, et que l’URSS n’a pas aidé la Chine.

Cette dernière a aidé le Pakistan pour faire contrepoids à l’Inde et elle l’a reconnu en disant que le Pakistan est pour elle ce qu’Israël est aux États-Unis.

La Corée du Nord et le Pakistan se sont entraidés.

Béchir Ben Yahmed

Strip-tease politico-financier

– Le jeu d’ombres macabre et silencieux auquel nous assistons en continu, et dont les actes ont pour titre Probo Koala, Beac, successions dynastiques, etc., s’intitule : « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui brisera le silence est un homme mort. » Mesdames et Messieurs les journalistes, et ceux qui les lisent, sont tous priés d’aller se rhabiller car le strip-tease politico-financier n’aura pas lieu. Si cela peut éviter le spleen à M. Soudan (voir édito du J.A. n° 2541), je dirais que les « affaires » n’empêcheront pas le soleil de se lever à l’est, et que demain est un autre jour, au cours duquel j’espère encore le lire, lui et nos autres porte-parole de Jeune Afrique, tous de dangereux agitateurs, boy-scouts toujours prêts… à récidiver !

Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

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