Hérauts touaregs

Fierté du peuple tamasheq, dont il transmet la culture, le groupe Tinariwen sort un quatrième album, mêlant toujours guitares électriques et chants lancinants.

Publié le 7 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Située dans le désert du Sahara, Tessalit est une petite ville du nord-est du Mali qui compte moins de 10 000 habitants. Ibrahim ag Alhabib, dit Abreybone, et Hassan ag Touhami, dit Le Lion, cofondateurs de Tinariwen, y vivent depuis deux ans. Dans cet endroit reculé, loin du brouhaha du monde, sous le ciel étoilé, le groupe a enregistré son quatrième album, Imidiwan : companions. Le terme signifie en langue tamasheq (touarègue) « les amis », « les compagnons ». « Ceux que l’on reçoit avec un verre de thé au clair de lune », explique Ibrahim, d’une voix calme et apaisée.

Parlez de la lune, du vent ou de la nuit aux musiciens de Tinariwen, et leurs pensées rejoignent aussitôt le désert qui les a fait grandir. Même à des milliers de kilomètres, sur la route des tournées à travers le monde, on ne s’affranchit pas du désert, le premier de tous les compagnons. « Le vent nous annonce le temps qu’il va faire, c’est notre météo. Le silence est un langage bruissant de sens. La nuit, quand la lune luit dans le ciel, devant ce spectacle magnifique, tu fais le vide en toi. »

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Sages poètes des dunes, les Tinariwen sont d’abord des hommes de combat, soucieux de préserver la flamme et l’âme de leur culture. Les plus anciens membres ont séjourné dans des camps d’entraînement en Libye. La première formation du groupe a vu le jour dans l’un de ces camps, au cours des années 1980. Jusqu’à l’accord de paix, signé à Alger le 26 mars 1992 entre le gouvernement malien et les représentants de la rébellion touarègue, qui mit un terme provisoire aux hostilités, la musique, les chants de Tinariwen n’avaient qu’un seul but : transmettre un message révolutionnaire, rendre conscient le peuple touareg, l’appeler à la rébellion. Tinariwen a été la voix de la rébellion touarègue au Mali. Une voix qui a inventé une musique tamasheq contemporaine. En habillant de guitares électriques leurs chants lancinants accompagnés de claquements de mains et de percussions.

Sur le nouvel album, deux titres renvoient cette époque de résistance, dont la chanson éponyme, écrite à la fin des années 1980 par Ibrahim ag Alhabib. D’autres titres évoquent la tolérance, l’unité, les valeurs humaines qui font sens, la sagesse. Comme celle de ce proverbe tamasheq qu’Ibrahim ag Alhabib nous a confié récemment : « Ne sous-estime pas l’endroit où tu es car tu seras beaucoup plus sous-estimé là où tu iras. » Un avertissement aux désespérés candidats au départ vers les illusions de l’Occident.

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