Europe : la social-démocratie, de mal en pis
Allemagne, Italie, France et, demain sans doute, Royaume-Uni… Les socialistes essuient défaite sur défaite. Crise passagère ou mal profond ?
La lourde défaite du SPD lors des élections législatives du 27 septembre en Allemagne (avec un peu plus de 23 % des voix, il réalise le plus médiocre score de son histoire récente) confirme et aggrave la tendance qui se dessine depuis plusieurs années au sein de l’Union européenne : la déroute de la social-démocratie.
La victoire des conservateurs de la CDU-CSU (33,8 % des suffrages) a conduit la chancelière Angela Merkel à rompre la « grande coalition » avec le SPD qui dirigeait le pays depuis quatre ans et à s’allier avec les libéraux du FDP (14,6 %). Ce qui devrait se traduire par un infléchissement à droite de sa politique, notamment en matière sociale.
Dès le 28 septembre, Franz Müntefering, le patron du SPD, a démissionné de ses fonctions et a été remplacé par un « réformateur », le très populaire Sigmar Gabriel, ministre de l’Écologie dans le gouvernement sortant. Celui-ci est tenté par un rapprochement avec Die Linke (« La Gauche »), formation née en juin 2007 de la fusion des ex-communistes est-allemands et des gauchistes dissidents du SPD.
Tout le contraire, en somme, de la réaction des dirigeants socialistes français après la débâcle de leur parti aux élections européennes du mois de juin (16,48 % des voix). En panne de stratégie face à Nicolas Sarkozy et déchirés par d’impitoyables luttes intestines, la majorité d’entre eux semblent de moins en moins insensibles aux appels du pied du centriste François Bayrou. Lequel ne rêve que de leur tondre la laine sur le dos au premier tour de la présidentielle de 2012. Avant d’affronter Sarkozy au second.
La situation est plus désespérée encore en Italie. Après une rafale de revers électoraux, le Parti démocrate ne sait plus à quel saint se vouer. Walter Veltroni, son président, a démissionné en février et a été remplacé pour huit mois par un intérimaire, Dario Franceschini. Pas de quoi empêcher l’inaltérable Silvio Berlusconi de dormir !
Quant à Gordon Brown, le Premier ministre britannique, il a allègrement dilapidé le capital électoral légué par Tony Blair et paraît voué à une inéluctable défaite aux prochaines législatives face aux conservateurs du fringant David Cameron.
Reste à savoir si le marasme où patauge la social-démocratie européenne est conjoncturel – en période de crise économique, les électeurs ont souvent tendance à se blottir dans le giron de la droite –, ou si le mal est plus profond…
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