Chine : Xi Jinping, héritier présomptif

Il devrait être nommé ce mois-ci vice-président de la Commission militaire centrale du Parti communiste. Ce qui ferait de lui le probable successeur de Hu Jintao.

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 4 minutes.

Ce n’est que dans le courant du mois d’octobre que l’on connaîtra avec certitude l’identité du prochain président de la Chine populaire. Contrairement à ce qu’avaient imprudemment annoncé divers médias internationaux dès la mi-septembre, le discret mais populaire Xi Jinping (56 ans) n’a pas encore franchi l’étape décisive vers le pouvoir suprême : lors de la clôture du quatrième plénum du Comité central, le 18 septembre, il n’a pas été nommé comme prévu à la vice-présidence de la Commission militaire centrale du parti. Or, selon une tradition désormais bien établie, il s’agit là du « passage obligé » pour devenir le dauphin désigné. Et donc, en l’occurrence, pour succéder à Hu Jintao à la tête du parti en 2012, à la fin du second mandat de celui-ci. 

Démocratie interne

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Il ne faut pas pour autant en conclure à une soudaine « disgrâce » de Xi Jinping. Encore moins à un conflit interne au sein du Parti communiste. La direction chinoise a semble-t-il voulu laisser passer les célébrations du 60e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, début octobre, avant d’officialiser la nouvelle. Xi Jinping a d’ailleurs été l’organisateur desdites célébrations et, lors de la réunion annuelle du Comité central, il a été le seul orateur en dehors de Hu Jintao à prendre la parole, démontrant qu’il reste le leader de la « cinquième génération » des dirigeants du pays. Selon toute vraisemblance, il obtiendra sa nomination lors de sa prochaine réunion de la Commission militaire centrale, dans le courant du mois.

Depuis le lancement par Deng Xiaoping de la politique de réformes, au début des années 1980, la relative démocratisation du fonctionnement du parti a fait discrètement du chemin. Deux principes sont désormais rigoureusement respectés : la limitation du nombre des mandats – deux au maximum – pour toutes les fonctions, y compris celle de président ; et la tenue d’élections internes pour choisir les responsables à tous les échelons. Xi Jinping est ainsi devenu le grand favori pour devenir le prochain numéro un du parti, et donc de l’État, après l’avoir largement emporté sur ses concurrents – alors même qu’il n’était pas, semble-t-il, le candidat de Hu Jintao – lors de plusieurs consultations auprès des 204 membres du Comité central.

Si son ascension a été fulgurante, Xi Jinping est loin d’être un inconnu sur la scène politique. Il avait 9 ans quand son père, Xi Zhongxun, un vétéran de la première génération de révolutionnaires chinois, fut déchu de son poste de vice-Premier ministre et emprisonné seize ans durant, jusqu’à la fin de la Révolution culturelle. Il connaît très bien la « Chine d’en bas », puisqu’en 1969 il fut, en tant que « jeune instruit », expédié dans les campagnes les plus pauvres du pays, celles du Shanxi, où il vécut six ans. Ce n’est qu’ensuite qu’il fut autorisé à rejoindre l’Université de Qinghua, la plus renommée de Pékin. Depuis, il a occupé des postes dans plusieurs provinces, notamment au Hebei, au Fujian, au Zhejiang et, brièvement, en 2007, à Shanghai, avant de devenir vice-président de la République et membre permanent du Bureau politique du PCC. 

Modéré mais ferme

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Que sait-on de l’homme qui va diriger le pays le plus peuplé de la planète ? Ce fils aîné, que les souffrances de sa famille pendant son adolescence ont conduit à mûrir rapidement, s’est forgé, dit-on, un caractère d’homme modéré, réservé, mais ferme et déterminé. Comme Hi Jintao, il préfère agir discrètement plutôt que d’attirer sur lui les projecteurs. Peu loquace, il pèse ses mots chaque fois qu’il prend la parole. Une anecdote dit tout. À l’époque où il était maire-adjoint de Xiamen, une grande ville du Sud, dans la province du Fujian, il invita un jour au restaurant ses collègues de la municipalité pour leur annoncer son mariage. La plupart tombèrent des nues. Ils ignoraient qu’il fût fiancé, mais aussi que la future mariée se trouvait être la plus célèbre chanteuse du pays ! 

Nouveau style ?

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Il s’est rendu cette année dans plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine, mais Xi Jinping n’a fait jusqu’ici que de rares visites officielles à l’étranger. On ne sait donc pas grand-chose de ses convictions en matière de politique internationale. Au Mexique, il a expliqué que, la Chine n’exportant ni la révolution, ni la famine, ni la pauvreté, les pays étrangers n’avaient pas à se mêler de ses affaires intérieures. Réussir, grâce à la croissance économique, à préserver 1,3 milliard de Chinois de la famine, voilà, à ses yeux, une contribution capitale au développement harmonieux de la planète.

Conformément à la politique drastique de limitation des naissances mise en œuvre depuis trente ans, Xi Jinping n’a qu’une fille, qui, l’an dernier, s’est portée volontaire pour secourir les victimes du tremblement de terre du Sichuan, geste apprécié par les médias. Son ascension a certainement été favorisée par l’excellente réputation dont il jouit : jamais aucune rumeur concernant sa vie sentimentale, jamais aucune mise en cause de sa probité ou de celle de son entourage…

En raison de sa discrétion, mais aussi, il faut bien le dire, du manque de transparence du système, il serait hasardeux de risquer un jugement sur ses qualités de dirigeant ou sur ses idées. Ne serait-ce que par prudence, il ne devrait guère s’exprimer d’ici à 2012. Il faudra donc attendre de le voir à l’œuvre pour savoir s’il est porteur d’un style nouveau. Et s’il sera capable d’imprimer sa marque sur le développement de la Chine.

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