Mauritanie : « Sidi », jours tranquilles à Lemden

Renversé le 6 août 2008 par le général Mohamed Ould Abdelaziz, le premier président civil depuis Moktar Ould Daddah n’est pas près de redescendre dans l’arène.

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

En 2007, il était la fierté des Mauritaniens. Premier chef de l’État démocratiquement élu, premier président civil après vingt-neuf ans de pouvoir militaire, homme de dialogue, Sidi Ould Cheikh Abdallahi réunissait toutes les qualités. Deux ans et un putsch plus tard, il brille par son absence. Renversé le 6 août 2008 par le général Ould Abdelaziz, élu président le 18 juillet dernier, il est très rarement mentionné dans les médias. Dans les conversations, son nom sert de repère – « c’était sous Sidi » –, mais ne suscite ni passion ni nostalgie. Quant à ses défenseurs, réunis au sein du Front national de défense de la démocratie (FNDD) et qui ont réclamé pendant près d’un an son rétablissement, ils ne s’y réfèrent plus. La page Sidi est tournée.

Septuagénaire pieux et réservé, l’ex-président n’est pas pour rien dans cet oubli. Il ne quitte presque jamais Lemden, son village natal, une bourgade d’un millier d’âmes à 250 kilomètres au sud de Nouakchott. À moins d’y être obligé : il a dû se rendre dans la capitale le 26 juin, pour son discours de démission (prévue par l’accord de Dakar), et le 18 juillet, pour voter. Hormis ces deux escapades, le théâtre de son quotidien, c’est la tranquillité des dunes de Lemden. Bénéficiant du traitement dû aux anciens chefs de l’État – deux gardes, deux voitures, un salaire mensuel de 900 000 ouguiyas (3 000 euros) et la couverture des dépenses courantes –, il partage son temps entre les livres et Internet. Selon un ex-collaborateur, il « caresse l’idée d’écrire ses Mémoires ». Avec son épouse, Khattou, il reçoit sa famille, « la petite et la grande ». La petite, ce sont ses trois enfants, ses frères et sœurs. La grande, les parents éloignés et la tribu. Quant à la famille politique, ses visites se font rares. « Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’est plus un pôle de la vie politique. Il l’a été pendant quinze mois, mais ce n’était qu’une parenthèse. Il est arrivé au sommet de l’État par les circonstances », estime un ancien haut fonctionnaire, rappelant que, avant sa candidature de mars 2007, Sidi ne faisait pas de politique. Il n’en fait toujours pas. Selon un ex-conseiller, il observe la vie politique « avec inquiétude » et « se méfie des mains qui gouvernent le pays ». Avant la présidentielle, il a appelé à voter pour Messaoud Ould Boulkheir, mais n’a pas fait campagne pour lui.

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« Il n’a jamais aimé être sous le feu des projecteurs, commente un observateur. Pendant son mandat, il était obligé d’apparaître. Mais aujourd’hui, sa nature a repris le dessus. » A-t-il des projets politiques ? Adil, le parti présidentiel fondé durant son mandat, vit encore. Son patron est toujours Yahya Ould Ahmed el-Waghf, ex-Premier ministre et fidèle de l’ex-président. Mais si, à 71 ans, Sidi décide de redescendre dans l’arène, il devra s’assurer de la cohésion de sa famille politique : Cheyakh Ould Ely, son ancien directeur de cabinet, est aujourd’hui celui de Mohamed Ould Abdelaziz.

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