Beac : tensions et soupçons
Règlements de comptes à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), après les révélations de J.A. Selon nos informations, un comité ministériel houleux de la Banque centrale s’est tenu à Paris, le 28 septembre, à la veille d’une réunion de la zone franc à Bercy. Tous les responsables du bureau extérieur de la Banque, basé à Paris, seront entendus. Ils devront expliquer comment 15 milliards de F CFA – 19 milliards (30 millions d’euros) selon nos calculs – se sont évaporés. Ainsi en ont décidé les ministres de l’Économie et des Finances de la sous-région, qui composent le comité ministériel. Ironie du sort, ils s’étaient donné rendez-vous au 48, avenue Poincaré, à Paris, dans l’hôtel particulier qui abrite le bureau extérieur de la Beac.
Essimi Menye, ministre camerounais des Finances et président en exercice du comité ministériel de l’Union monétaire d’Afrique centrale (Umac), serait l’un des plus ardents avocats de cette opération mains propres. « Nous avons porté plainte auprès de la justice française. Et l’affaire a un relais judiciaire au Gabon, où le ministère de la Justice a saisi un magistrat », a précisé Philibert Andzembé, le gouverneur de la Beac, lors de la réunion des ministres des Finances de la zone franc.
Plusieurs personnalités pourraient bientôt passer sur le gril de la justice. Jean-Félix Mamalepot, l’ancien gouverneur de la Beac (1990-2007), qui vit entre la France et le Gabon, est en ligne de mire. Tout comme l’homme clé de l’affaire, Armand Brice Ndzamba, le comptable du bureau parisien (1994-2009), réfugié dans son village natal au Gabon, et son officier traitant de l’époque, Maurice Moutsinga, ancien directeur de la comptabilité et du contrôle budgétaire au siège de la Beac à Yaoundé (2000-2007). Devraient également être entendus : Philibert Andzembé, Rigobert Roger Andely, vice-gouverneur de la Beac depuis 2005, et, surtout, Gata Ngoulou, ministre tchadien des Finances et ex-secrétaire général de la Beac (1998-2008).
Les dirigeants de la Beac paraissent tout aussi préoccupés de découvrir qui est à l’origine des fuites dans J.A. que d’identifier les responsables des détournements. La question de l’identité des informateurs a animé le comité ministériel du 28 septembre. Tout le monde suspecte tout le monde. « Ces informations portent un grand tort à l’institution. Seule une profonde mésentente au plus haut niveau de la Banque a permis la fuite d’informations », lance-t-on à Bercy. Sans doute moins que l’ampleur des malversations elles-mêmes ! Le climat au sein de la Banque est délétère. Au premier rang des suspects, la Guinée équatoriale. « Maintenant, tous les coups sont permis », lâche Mahamat Mustapha, l’un des trois conseillers du gouverneur de la Beac, lui-même victime d’attaques sur son patrimoine.
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