Ben Barka, quoi de neuf ?

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

On parle à nouveau de l’affaire Ben Barka. Quatre mandats d’arrêt internationaux émis par la France sont diffusés par Interpol « à des fins d’extradition » depuis le 1er octobre. Ils concernent des hommes qui ont été plus ou moins cités dans le dossier : le général Hosni Benslimane, patron de la gendarmerie ; le général Abdelhak Kadiri, qui a longtemps dirigé les services extérieurs ; Miloud Tounzi et Abdelhak Achaachi, du Cab 1, la police politique de l’époque.

Le juge français Patrick Ramaël avait signé ces mandats d’arrêt le 22 octobre 2007, le jour même où Nicolas Sarkozy entamait une visite d’État au Maroc. L’initiative, coordonnée avec une chaîne de télévision et apparemment à l’insu de Rachida Dati, la Garde des Sceaux, avait l’allure d’un coup politique. Aujourd’hui, l’exhumation de ces mandats alors qu’il est question d’une visite officielle de Mohammed VI à Paris n’est-elle qu’une simple coïncidence ?

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Mehdi Ben Barka a été enlevé le 29 octobre 1965 à Paris. Cet opposant à Hassan II – avec qui il était en train de négocier pour revenir au pouvoir – se consacrait en priorité à l’organisation de la conférence tricontinentale qui devait rassembler, à La Havane, les mouvements révolutionnaires du tiers-monde. Alors que de nombreux Français – policiers, espions, truands en cheville avec le pouvoir – sont impliqués, le général de Gaulle décrète que l’implication de la France ne se situe qu’à un niveau « vulgaire et subalterne ».

La responsabilité du Maroc n’est pas moindre. Les faits sont accablants. Après l’enlèvement, Mohamed Oufkir, le ministre de l’Intérieur, puis Ahmed Dlimi, le chef de la sécurité, arrivent à Paris et se rendent à la villa où avait été conduit l’opposant et où sa trace se perd à tout jamais. À l’instar du président français, Hassan II coupe la poire en deux, reconnaissant implicitement une responsabilité partagée entre Rabat et Paris. Au cours du procès de l’affaire, Dlimi se livre en pleine audience. Et sera acquitté, alors qu’Oufkir écope de la perpétuité.

Depuis, l’affaire est l’objet d’un double verrouillage. Plus d’une fois, la France a annoncé la levée du secret-défense, sans que les zones d’ombre entourant son rôle soient éclairées. Côté marocain, après la mort de Hassan II, Mohammed VI a fait savoir que son père n’avait jamais évoqué ce sujet avec lui.

Politiquement, entre l’USFP et le Palais, la hache de guerre est enterrée depuis le gouvernement d’alternance conduit par Abderrahmane Youssoufi, compagnon de Ben Barka. Aujourd’hui, personne n’a envie de remettre en question le « compromis historique ». Il revient désormais au socialiste Abdelouahed Radi, ministre de la Justice, de gérer les derniers rebondissements de cette affaire qui ne sont que les fumées d’un feu éteint. 

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