Courrier des lecteurs

Publié le 29 septembre 2009 Lecture : 6 minutes.

Madoff à la Beac

– Les révélations faites dans l’enquête exclusive du J.A. n° 2540 sur le détournement de fonds à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), viennent remettre au goût du jour les questions relatives à la rotation du poste de gouverneur et à la restructuration de l’institution. Et l’on peut conclure après lecture qu’il est question d’une « mafia gabonaise » (même si d’autres nationalités sont impliquées). La mort du « parrain » Omar Bongo a, semble-t-il, accéléré le processus de démantèlement de ce réseau.

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Nous sommes en droit d’attendre de nos dirigeants qu’ils se montrent impitoyables face à la situation. Pour pouvoir gagner en crédibilité face à ses pairs, Ali Bongo devra éviter de couvrir ses concitoyens impliqués. La goutte d’eau a fait déborder le vase, l’actuel gouverneur et tous les hauts responsables cités devraient commencer à réfléchir à leur avenir. Et les rumeurs sur la mauvaise organisation du prochain concours de recrutement à la Beac ne sont pas de nature à ramener la sérénité. Décidément, des Madoff, il y en a sous tous les cieux…

Hugues Mbala, Yaoundé, Camerou

Connivences d’opposants

– C’est avec beaucoup de maestria que Béchir Ben Yahmed a présenté le problème des élections dans les pays en voie de démocratisation (« Ce que je crois » du J.A. n° 2540). L’élection présidentielle au Gabon (mon pays) a effectivement suivi le schéma qu’il présente si bien, et il n’y a donc rien de surprenant quant à la situation actuelle : Ali a été déclaré vainqueur, l’opposition conteste, les émeutes éclatent, et l’État cogne !

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Merci à BBY de l’avoir dit clairement, en espérant que cela pourra freiner l’égoïsme des leaders de l’opposition et permettre à celle-ci de mieux préparer la prochaine échéance électorale (les élections législatives). En effet, l’opposition n’a pas d’autre choix que de s’unir en présentant des candidatures uniques pour chaque siège. Sinon, il faudra arrêter de rêver et comprendre que ladite opposition fait le lit du pouvoir en place – et qu’elle est donc de connivence avec lui.

Edgard Moukoumbi, Libreville, Gabon

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L’Algérie, ruche active et organisée

– Je viens de me réabonner à Jeune Afrique, véritable mine d’informations. Il m’arrive cependant d’être surpris par le contenu de certains écrits, comme l’article « Un été algérien » (J.A. n° 2535), où le jugement porté sur l’Algérie me paraît parfois bien sévère ! Je viens de rentrer d’un séjour à Tlemcen, et j’ai eu l’immense plaisir de découvrir dans l’Algérie actuelle une terre de fraternité, de labeur et d’espérance. Des dizaines d’ex-élèves ou de collègues (j’ai enseigné en Algérie dans les années 1970) se sont déplacés, parfois de très loin, pour me rencontrer. Beaucoup, devenus de hauts responsables, ont trouvé le temps, malgré leur agenda très chargés, de me recevoir et de m’écouter, ainsi que de me faire visiter des réalisations récentes souvent spectaculaires. J’ai été frappé par le foisonnement de chantiers réalisés ou en cours comme le nouvel aéroport au style mauresque très réussi, les très nombreuses infrastructures routières, de grande qualité, la construction à très grande échelle de logements, d’écoles… L’agriculture est remise à l’honneur, la ville connaît une extension spectaculaire à l’ouest et au nord-ouest… Pour moi, donc, l’Algérie se développe remarquablement au bénéfice des classes laborieuses. Même si certains déplorent quelques erreurs (comme dans n’importe quel pays !), l’Algérie m’est apparue comme une ruche active et organisée.

Alain Garnier, Frontonas, France

Vers un report de la présidentielle ivoirienne ?

– C’est une erreur de croire qu’il est difficile d’organiser les prochaines élections en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas plus difficile, en tout cas, que dans certains pays africains qui ont connu des crises comme l’Angola, la Centrafrique, le Rwanda, le Liberia, et j’en passe. Au cours des années récentes, un grand nombre de réformes n’ont pas rencontré de véritables obstacles en Côte d’Ivoire. On a pris le temps, on a expliqué à l’opinion, il y a eu un véritable effort de pédagogie. C’est à saluer. Mais l’élection du 29 novembre suscite des résistances tant du côté de l’opinion que des divers intérêts en jeu. Et si les élections sont organisées dans une telle atmosphère, le pire est à craindre.

Quant à la Commission électorale indépendante (CEI), elle ne joue pas franc-jeu, ou on n’a pas suffisamment expliqué les difficultés qu’elle rencontre. Maintenant, on est en train de perdre l’objectif de vue, et ça devient un bras de fer politique. Aucune liste électorale n’est encore publiée. En réalité, plus que d’un refus d’aller aux élections, la Côte d’Ivoire souffre d’une incapacité de ses forces politiques à avoir un dialogue raisonnable autour de la question électorale. Même si certains essaient de se réconforter, qui avec des meetings populaires, qui avec des sondages, tous craignent les enjeux de cette future élection. Les hommes politiques ivoiriens gagneraient à être honnêtes, à dévoiler leur véritable vision des choses. Et, de son côté, la CEI doit avouer son échec et préparer l’opinion à un report. Encore une fois, le pays souffre de la mauvaise foi de ses politiciens, qu’ils soient de gauche ou de droite.

Bouazo T. Guy Serge, par courriel

Xénophobie universelle

Décidément, l’intolérance est universelle et ancrée dans la nature humaine. Lorsque des pays reçoivent des travailleurs immigrés sur leur sol, leurs ressortissants finissent par avoir un comportement méfiant, voire raciste, et un langage xénophobe vis-à-vis de leurs hôtes étrangers, tels que les Chinois. Ceux-ci, grâce à leur ardeur au travail, leur savoir-faire dans le secteur du bâtiment et leur sensibilité tiers-mondiste, se sont implantés sur le continent africain. Tandis que les islamistes algériens menacent de les exterminer (voir J.A. n° 2532), des Africains subsahariens se moquent d’eux, disent qu’ils sont sales ou menacent de boycotter leurs commerces (J.A. n° 2531). Une triste impression de déjà-vu, notamment en France ! Des mesures d’éducation et de prévention doivent être prises d’urgence pour éviter que des scènes de chasse à l’immigré comme celles, par exemple, qui ont eu lieu en Libye en 2000 ne se reproduisent.

Hana Le Bock, Paris, France

Boycotter Israël

– Savez-vous pourquoi le peuple palestinien est condamné à subir pendant longtemps encore l’occupation et l’oppression meurtrière d’Israël ? C’est à cause de l’hypocrisie qui règne dans le monde arabo-musulman en matière, entre autres, de commerce. Je m’explique. Prenons l’exemple des dattes fraîches mises en vente en France, et avec lesquelles, traditionnellement, les musulmans rompent la journée de jeûne durant le mois sacré de ramadan. Pendant que certains commerçants arabo-musulmans vous soutiennent la main sur le cœur que le malheur des Palestiniens leur est insoutenable, et qu’Israël est l’un des États les plus dangereux au monde, si ce n’est le plus dangereux, le fruit béni, lui, tant apprécié par nos frères et sœurs, vient tout droit… d’Israël.

Et lorsque vous mettez en avant le nécessaire boycott de produits fruitiers israéliens cultivés sur des terres prises par la violence aux Palestiniens, provoquant des drames humains quotidiens et innombrables depuis de trop longues décennies, alors, gênés, piégés, ils argumentent pauvrement et sans grande conviction que, du temps des jihad, notre prophète commerçait quand même avec les juifs et que, après tout, c’est aux dirigeants arabes de montrer l’exemple… On en reste sans voix. Finalement, l’hypocrisie est bien la chose au monde la mieux partagée… Même en période de ramadan !

Sahjanane Klis-Yazback, Nancy, France

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