Osvalde Lewat

Réalisatrice camerounaise.

Renaud de Rochebrune

Publié le 29 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Ce film sur les événements tragiques de 2000 a-t-il été difficile à tourner au Cameroun ?

Osvalde Lewat : Je n’ai pas rencontré véritablement de problèmes au moment du tournage au Cameroun. Mais j’ai, bien sûr, agi dans la discrétion. Et toute l’équipe, qui a compris que travailler sur ce film représentait une forme d’engagement, était tenue au secret le plus absolu sur le projet. Au-delà de la difficulté à trouver des témoins prêts à parler devant la caméra, et celle, traditionnelle pour tous les cinéastes africains, de financer le film, j’ai dû faire face aux réticences de mon entourage et de tous ceux à qui je parlais du sujet. J’ai parfois vu de la peur dans les regards. On ne m’a donc certes pas encouragée. Mais c’est tout. Et comme je n’ai pas cherché à interviewer les autorités, il ne s’est rien passé de ce côté-là.

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Est-ce la citoyenne ou la cinéaste documentariste qui a décidé de s’attaquer à cette affaire ?

Je suis humaine d’abord, citoyenne ensuite, et enfin documentariste. Les trois font que je me suis sentie tenue de réaliser ce film. J’ai pu hésiter un peu au début. Mais je me suis dit que si je ne tournais pas ce film, je ne pourrais plus jamais en faire d’autre. J’avais d’ailleurs besoin d’exorciser la culpabilité que je ressentais face aux événements qui avaient eu lieu dans l’indifférence. Besoin d’un travail cathartique, qui se faisait ressentir à chaque fois que je rencontrais des familles de victimes.

Ce film traite-t-il d’un sujet camerounais ou a-t-il une valeur emblématique, universelle ?

Les dérives sécuritaires et les exécutions sommaires ne sont pas l’apanage du Cameroun, ni de l’Afrique, ni de tel ou tel pays au régime autoritaire. L’histoire récente de l’Europe le prouve. Et au Cameroun, ce dont je parle est parti d’une réelle démarche de protection des citoyens. Ce qui s’est passé est donc pour moi plus emblématique d’une démission collective de la société face à une dérive sécuritaire que de cette dérive même. Pourquoi n’y a-t-il pas eu plus de protestation, de résistance ? Pourquoi n’a-t-on pas pu entendre les familles des victimes ? C’est un problème universel, qui concerne tous les humains.

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