L’autre, l’ailleurs et moi

Les œuvres de cinquante photographes issus de trente-deux pays sont présentées sur les bords de Seine. Une exposition originale qui interroge géographie et identité.

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 29 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Perdre le nord est une douce sensation esthétique. Et c’est exactement ce que propose la seconde biennale des images du monde, Photoquai, organisée à Paris sous l’égide du musée du Quai Branly du 22 septembre au 22 novembre 2009. Consacrée à la photographie contemporaine « non occidentale », cette exposition permet de découvrir le travail de cinquante photographes issus de trente-deux pays dont les œuvres sont exposées, en grand format, en bord de Seine, dans l’ombre de la tour Eiffel.

Ils viennent d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, du Moyen-Orient, et leurs regards nous entraînent d’un pays à l’autre. Où est-on ? Difficile de le savoir, et c’est mieux ainsi. À distance des clichés touristiques qui placent l’observateur en un point donné immédiatement identifiable, les images sélectionnées pour Photoquai interrogent l’identité de chacun, son rapport au territoire où il vit, dans un contexte géopolitique ou personnel plus ou moins pesant. La série Alger/Marseille de Nadia Ferroukhi – née en France, de mère tchèque et de père algérien, élevée en Algérie, en Autriche et aux États-Unis – illustre à merveille le sentiment de désorientation, mêlé de familiarité, qui se dégage de l’exposition.

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Nadia Ferroukhi confronte en effet des photographies prises à l’intérieur de la Cité radieuse, à Marseille, à des images de l’Aéro-Habitat d’Alger – un ensemble réalisé par des architectes élèves du Corbusier. D’une rive de la Méditerranée à l’autre, les ambiances se répondent et racontent comment l’on vit aujourd’hui dans des bâtiments conçus dans les années 1950. Et l’on ne sait plus guère si l’on est à Alger où à Marseille…

Entre Maputo et Catembe

D’autres photographes issus du continent africain se signalent de façon similaire en liant géographie et identité. Le Nigérian Emeka Okereke a photographié le « mélange des gens dans un espace commun » en s’intéressant au ferry Bagamoyo, qui assure la liaison entre Maputo et Catembe (Mozambique). La Marocaine Lamia Naji a, de son côté, raconté son deuil avec des images de lieux désertés, à commencer par son lit (Vertigo). Quant à la Tunisienne Mouna Karray, elle a réalisé des portraits de femmes dans leur intimité, puis elle a enfilé leurs vêtements et posé à leur place face à l’objectif. Titre de la série : Au risque de l’identité. Se reconnaître en l’autre en dépit de toutes les frontières, c’est bien là le seul danger qu’il y a à parcourir les allées de Photoquai.

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