Une agriculture en chute libre

Malgré un énorme potentiel, le secteur agricole reste sinistré. Le gouvernement tente de le réanimer à travers différents projets.

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 29 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le Congo dépense annuellement quelque 120 milliards de F CFA (183 millions d’euros) pour importer de quoi nourrir sa population, l’agriculture – qui occupe 43 % des actifs – couvrant à peine 30 % des besoins. Le pays importe en effet plus de 90 % de sa consommation de céréales et de viande, 50 % de son poisson ; les légumes consommés à Brazzaville viennent pour la plupart du Cameroun et de RD Congo ; l’oignon, l’ail, l’arachide et la viande de bœuf sont importés du Tchad…

Pourtant, les atouts ne manquent pas pour assurer l’autosuffisance alimentaire, à commencer par une pluviométrie régulière, des pâturages à perte de vue et 10 millions d’hectares de terres cultivables… dont seulement 2 % sont mises en valeur.

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Au ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, les maux qui freinent le décollage du secteur sont bien connus. Il s’agit d’une productivité très faible, d’un encadrement déficient, d’un manque d’infrastructures appropriées, d’un accès au crédit quasi inexistant, d’un recours à des modes de production archaïques et d’un accès difficile aux marchés.

Le lourd panier de la ménagère

Selon un fonctionnaire du bureau de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) à Brazzaville, ce n’est pas tout : « Il y a dans la population, surtout chez les jeunes, un mépris pour tout travail manuel, en particulier agricole. ­Ensuite, les agronomes préfèrent le confort de leurs bureaux à une expérience de terrain. Enfin, le fait que certains commerçants achètent toute la production d’une région contribue au renchérissement des prix. » Pour le ministère de l’Agriculture, cette « tendance haussière des prix des produits alimentaires est là pour nous ramener à la dure réalité d’une offre agricole nationale gravement déficitaire ».

Pour sortir de l’impasse et relancer l’agriculture, le gouvernement a élaboré plusieurs projets. En 2005, il a même créé un Fonds de soutien à l’agriculture et, en 2008, un Projet de développement agricole et de réhabilitation des pistes rurales (PDARP) d’un montant de 40 millions de dollars (dont 20 millions financés par les partenaires au développement et le reste par le gouvernement congolais) a été engagé. Ses objectifs : donner aux populations rurales la possibilité d’accroître leurs revenus grâce à des techniques agricoles améliorées et des infrastructures appropriées pour l’écoulement de la production.

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La production stagne

Face à l’urgence, un cadre opérationnel de mise en œuvre du Plan national de sécurité alimentaire (PNSA) a été adopté en juin 2008 en Conseil des ministres, qui est considéré comme « le fer de lance d’une politique publique marquée avant tout par la clarté des principes et des objectifs de base ».

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Pour 2009, le PNSA espérait récolter, en production végétale, 2 800 tonnes de manioc (l’aliment de base) en complément de la production traditionnelle, 2 500 tonnes d’igname, 420 de haricots blancs, 300 de pommes de terre, 170 de bananes… L’objectif global étant d’amorcer « la dynamique de remontée de la production agropastorale du Congo, en pariant sur un taux de croissance des cultures vivrières de 2 % en 2008 et de 4 % en 2009 », d’après le ministère de l’Agriculture. Mais sa mise en œuvre a connu du retard. En effet, c’est seulement le 27 juillet dernier qu’un accord de financement de 42,2 milliards de F CFA (64,3 millions d’euros), dont 17 milliards viendront du gouvernement congolais, a été signé avec la FAO. L’organisation onusienne va organiser prochainement une table ronde à Brazzaville afin de trouver la somme manquante auprès des bailleurs de fonds. Désormais prolongé jusqu’en 2012, le PNSA doit notamment contribuer à l’augmentation rapide de la productivité, à la valorisation des ressources naturelles de base et à la diversification des systèmes de production.

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