Carton jaune de l’AIEA

L’agence onusienne exprime officiellement sa « préoccupation face aux capacités nucléaires de l’État hébreu », dont elle dénonce, qui plus est, le caractère clandestin.

Publié le 29 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

La politique occidentale d’endiguement des condamnations internationales d’Israël a parfois ses limites. Pour la première fois depuis vingt ans, l’État hébreu a été tancé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour son programme nucléaire. Dans une résolution adoptée le 18 septembre à Vienne, la conférence générale de l’institution onusienne a exprimé sa « préoccupation face aux capacités nucléaires » d’Israël, à qui elle demande de « placer ses sites nucléaires sous les garanties de sauvegarde de l’AIEA ». Certes, cette résolution n’a pas de caractère contraignant et a été adoptée à une courte majorité (par 48 voix contre 45), mais sa portée symbolique est un double camouflet pour Israël. D’abord parce qu’elle intervient au moment où Tel-Aviv, avec l’appui de Washington, Londres et Paris, ne cesse de faire monter la pression sur l’Iran à cause de son programme nucléaire civil. Alors que l’État hébreu menace Téhéran de frappes aériennes « préventives », c’est lui qui se voit à son tour rappelé à l’ordre par une institution jusque-là bienveillante à son endroit. Pour une fois, la solidarité et le lobbying des pays arabes ont eu raison du cordon sanitaire diplomatique des pays occidentaux. « Les pays africains, qui s’abstiennent en général, ont été séduits par les propositions des pays arabes », estime ainsi Bruno Tertrais, spécialiste du nucléaire à la Fondation pour la recherche stratégique.

Le second camouflet infligé à Israël est la dénonciation ferme du caractère « clandestin » de son programme nucléaire. Vieux de plus de quarante ans, réalisé en partenariat technologique avec la France et le Royaume-Uni mais jamais reconnu officiellement, l’arsenal nucléaire israélien est un secret de polichinelle. Mais son évocation publique dans une enceinte internationale pourrait avoir de lourdes conséquences diplomatiques puisqu’elle met au jour « la légalité internationale à deux vitesses » dont bénéficie l’État hébreu. De quoi relancer les pressions sur Israël pour qu’il accepte de signer le traité de non-prolifération (TNP) auquel doivent adhérer les membres officiels du club atomique.

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Le représentant iranien à l’AIEA s’est immédiatement engouffré dans la brèche en estimant que l’arsenal israélien était « une menace pour la paix et la stabilité » du Moyen-Orient et du monde. Cette résolution, a ajouté Ali Soltanieh, est « une très bonne nouvelle et un triomphe pour la nation oppressée de Palestine ». Conscient des dégâts d’un tel vote, le représentant d’Israël à l’AIEA avait tenté d’allumer un contre-feu dès le 9 septembre en écrivant au directeur général de l’agence, l’Égyptien Mohamed el-Baradei, pour lui demander de retirer ce débat de l’ordre du jour. Presque menaçant, Israel Michael avait estimé que cette « question discriminatoire » risquait de « détourner l’attention de problèmes de prolifération plus urgents au Moyen-Orient ». Il est vrai que, s’agissant de l’arsenal nucléaire israélien, l’urgence n’a qu’un demi-siècle…

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