Gabon : une guerre entre frères
Depuis le début de la contestation postélectorale, Ali Bongo et ses principaux rivaux ne se sont pas parlé d’homme à homme. Pour l’instant, c’est l’ère glaciaire, en particulier entre le président élu et André Mba Obame. « Aucun des deux hommes n’a mandaté un émissaire pour faire une proposition au camp d’en face », regrette un diplomate. Jusqu’à présent, seules quelques initiatives personnelles ou étrangères ont tenté en vain des médiations. Au contraire, le conflit, qui a toujours été plus une affaire de personnes qu’une bataille politique, s’est envenimé. Pour Bruno Ben Moubamba, autre candidat malheureux, cette animosité serait le résultat du « machiavélisme du président Omar Bongo Ondimba », qui, laissant entendre à l’un comme à l’autre qu’il pouvait lui succéder, a créé « les conditions de cette passe d’armes dangereuse pour le Gabon. »
Ali comme André ont longtemps cru qu’ils seraient mis sur les rails du pouvoir par le « père », qui a finalement laissé le Gabon faire son choix. Le « Vieux » savait pourtant que les relations entre les deux « fils » n’y survivraient pas. Il avait d’ailleurs évoqué à l’époque une comparaison avec le célèbre film de Ridley Scott Gladiator, qui se termine par un face-à-face sanglant entre les deux prétendants au trône.
Entourés de personnes à la fidélité douteuse, d’une cour de flagorneurs, de manipulateurs zélés, pressés de donner des gages en échange d’un poste, le fils biologique et le fils spirituel se détestent passionnément. Pour le moment, la bataille n’a été que verbale et juridique, même si, entretenues par des extrémistes des deux camps, les rumeurs de complot et d’assassinat se sont multipliées. Au regard du fossé qui s’est creusé entre eux, il est peu probable que les deux « frères » Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame dialoguent de sitôt.
