ONG : blanches colombes ou vautours masqués ?

Publié le 28 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Une fois par an, Transparency International (TI) tire la sonnette d’alarme sur la corruption. Et une fois par an, l’Afrique se retrouve dans les profondeurs du classement (voir tableau). Le rapport 2009, publié le 23 septembre et consacré cette fois à la corruption dans le secteur privé, ne fait pas exception. Acharnement du Nord contre le Sud, ou volonté sincère d’en finir avec un fléau qui pénalise les plus pauvres ?

Un peu des deux, sans doute. « L’Afrique souffre d’une telle réputation en la matière que cela finit par colorer les rapports sur la question », dénonce un opérateur économique camerounais. « Les entreprises françaises opérant sur le continent présentent des comptes certifiés, paient leurs impôts, font l’objet de contrôles fiscaux et tiennent leur conseil d’administration », ajoute Alexandre Vilgrain, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), passablement agacé par ces « donneurs de leçons » qui oublient de souligner les progrès en matière d’État de droit.

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Pour son indice de perception de la corruption (IPC), qui classe 180 pays, l’ONG prend soin de préciser que la compilation des résultats repose sur treize sondages et enquêtes venant de onze institutions indépendantes, dont la Banque africaine de développement (BAD). Le « Baromètre mondial de la corruption », en revanche, publié en juin dernier, n’est pas exempt de toute critique. Il s’agit d’un sondage sur 73 132 personnes dans 69 pays, dont neuf en Afrique (Cameroun, Ghana, Kenya, Liberia, Nigeria, Ouganda, Sénégal, Sierra Leone et Zambie). Si le Camerounais Akere Muna, vice-président de TI, « apprécie cette vox populi », on peut estimer que le choix des pays et la formulation de certaines questions sont de nature à « enfoncer » le continent.

Autre combat de l’organisation à Paris, les « biens mal acquis ». S’appuyant sur un travail d’enquête du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) et l’expertise juridique de l’ONG Sherpa, TI France a porté plainte, le 2 décembre dernier, contre trois chefs d’État : Bongo Ondimba, Sassou Nguesso et Obiang Nguema. Le 29 octobre, la chambre d’appel de l’instruction de Paris doit se prononcer sur la recevabilité de cette plainte. En attendant, ces ONG ont, elles aussi, des comptes à rendre sur le terrain médiatique et politique. Quelles sont leurs motivations ? Quelles sont leurs sources de revenus ?

Si TI, basé à Berlin, met en ligne la liste de ses contributeurs, toutes les ONG ne jouent pas le jeu de la transparence. Ainsi les relations entre l’ONG britannique Global Witness – en pointe sur l’utilisation de la manne pétrolière – et le « fonds vautour » Kensington International – parti à la chasse aux revenus de l’État congolais pour réaliser une jolie culbute après avoir acheté, en solde, une partie de la dette de Brazzaville – peuvent apparaître gênantes, voire contre-nature. Regrettable aussi que le spéculateur américain George Soros apparaisse comme l’un des sponsors de Sherpa, via la fondation Open Society (22 000 euros en 2007, soit 12 % de ses ressources, selon Sherpa). « Nous sommes les porte-voix de nos partenaires africains, qui ont beaucoup de mal à se faire entendre. Ils ont estimé que les vautours de l’extérieur pouvaient permettre de faire la lumière sur les vautours de l’intérieur », répond Jean Merkaert du CCFD, dont les financements reposent pour 85 % sur des dons privés. Au risque d’y laisser des plumes ?

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