Unesco : un fiasco arabe

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Publié le 28 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Jamais l’élection du directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) n’avait été aussi disputée et sujette à polémique. « Choc des civilisations », « l’Europe contre le monde arabe », « complot sioniste », « trahison »… On aura tout lu et tout entendu. La défaite surprise du ministre de la Culture égyptien Farouk Hosni (voir p. 26) laisse un goût amer. Car le monde arabo-musulman pouvait légitimement espérer voir pour la première fois l’un des siens prendre la tête de l’organisation. Un symbole d’importance en ces temps troublés. Encore eût-il fallu s’y prendre autrement qu’en s’obstinant à soutenir une personnalité si controversée, et pas seulement pour ses déclarations jugées antisémites, dont Bernard-Henri Lévy, Elie Wiesel et d’autres ont fait leur miel. Après vingt-deux ans de « bons et loyaux » services, Farouk Hosni n’affiche pas un bilan très flatteur à la tête de la culture de son pays. Serviteur zélé du raïs Moubarak, il s’est davantage illustré par un usage excessif de la censure et l’instauration d’une chape de plomb recouvrant toute tentative de débat d’idées que par la promotion de l’identité culturelle, jadis ouverte, avant-gardiste et multiconfessionnelle. L’ex-phare du monde arabe n’est aujourd’hui plus qu’un modeste fanal qui voit ses élites intellectuelles sommées de choisir entre l’exil, le rôle de thuriféraire d’un régime à bout de souffle ou celui de contestataire sans tribune.

Le chef de l’État égyptien, Hosni Moubarak, principal artisan de ce grand gâchis, n’a pas ménagé sa peine pour imposer Farouk Hosni. Fort de son implication dans le processus de négociations israélo-palestinien, coprésident de l’Union pour la Méditerranée (UPM), il a fait pression pour que le monde arabo-musulman se range derrière lui, allant même jusqu’à exiger le retrait de candidats pourtant plus « équipés » pour le poste. Ainsi de l’Algérien Mohamed Bedjaoui, qui a dû se faire parrainer par le Cambodge, faute du soutien d’Alger, avant de se retirer. Ex-ministre des Affaires étrangères, ancien président de la Cour internationale de justice, juriste internationalement reconnu, Bedjaoui n’était-il pas plus indiqué ? Tout comme la Marocaine Aziza Bennani, ex-ambassadrice à l’Unesco, dont elle a présidé l’Assemblée générale, ou l’Omanais Moussa Ibn Jaafar, qui en a dirigé le Comité exécutif. En préférant la politique à la logique ou à la raison, les dirigeants arabes ont tout perdu. Au lieu de crier au complot et de dénoncer les pressions – réelles, au demeurant – exercées pour empêcher un musulman d’accéder au poste, nous ferions mieux de reconnaître que Farouk Hosni était tout simplement un mauvais candidat. Autant éviter de donner les verges pour se faire fouetter…

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