Pour les beaux yeux d’Hélène

Fawzia Zouria

Publié le 21 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est un constat frappant : on a beau tenter, durant ces deux derniers mois, de s’extraire des bruits du monde, de tourner le dos à l’actualité, et avoir renoncé à lire la presse écrite française, trois informations sont invariablement revenues vers nous par vagues successives – sans parler de la grippe H1N1, évidemment :

1) l’affaire de la burqa en France ;

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2) les tribulations judiciaires de la Soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein devant les tribunaux de son pays au motif qu’elle a porté un pantalon ;

3) Clotilde Reiss comparaissant à Téhéran en fichu obligatoire.

Or, si vous tentez de trouver le dénominateur commun de ces trois actualités, il ne vous échappera pas qu’elles tournent toutes autour d’une seule et unique image, le couvre-chef féminin, et d’une seule émotion, l’indignation. Et si vous vous aventurez à poser la question qui risque de vous filer une migraine – qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans ce monde pour que l’on fasse une telle obsession sur la tête des bonnes femmes (à preuve, mes PS…) ? –, vous envisagerez probablement les hypothèses suivantes :

– il se pourrait que s’émouvoir du voile constitue le passe-temps favori des Occidentaux en général et des Français en particulier ;

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– ceux-ci fantasment encore sur les harems et restent fascinés par les odalisques, sinon pourquoi attacheraient-ils tant d’importance au comportement des fils de « Mahomet » à l’égard de leur moitié ? ;

– ils considèrent peut-être que l’émancipation des femmes est l’élément fondamental sans lequel il n’y a pas de civilisation ;

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– ils doivent matérialiser leur angoisse en trouvant un ennemi qui a, par exemple, le visage de « l’homme qui voile le visage de sa femme ».

Quant aux musulmans, à moins qu’ils se soient entendus avec les « infidèles » pour leur offrir matière à critique, l’on est tenté de leur dire qu’ils devraient au plus vite régler le problème de l’émancipation de la femme. Pourquoi ?

– Pour rendre service à l’islam en terre chrétienne, les Beurettes feraient mieux de s’employer à mettre toutes les chances de leur côté pour réussir leur vie, plutôt que de narguer la République avec leur voile, cet épouvantail haïssable ;

– si les Soudanais s’employaient à soigner les maux de leur pays, au lieu de faire une fixette sur le pantalon des filles, ils auraient plus de chances de vivre en paix ;

– et si les Iraniens laissaient Clotilde comparaître sans fichu obligatoire, on mettrait sans doute un peu moins en question leur démocratie islamique.

Tout cela pour dire qu’il y a, dans la maison d’Orient comme dans celle d’Occident, « quelque chose de pourri » qui se concrétise dans le hidjab. Ce qui, avec votre accord, me permettrait de conclure sous forme de question : et si la grande discorde actuelle entre le monde musulman et les Occidentaux n’était pas due au pétrole ni à l’arme nucléaire, encore moins au terrorisme, mais à la femme ? Eh oui, ma chérie, depuis le temps d’Hélène la Grecque ou celui de Shéhérazade la Persane, depuis la nuit des temps, le monde se ferait donc la guerre pour une simple « histoire de nanas » !

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