Courrier des lecteurs

Publié le 22 septembre 2009 Lecture : 4 minutes.

Présidentielle ivoirienne : l’heure des comptes

– J’ai toujours été convaincu que les élections en Côte d’Ivoire n’auraient jamais lieu avec Laurent Gbagbo au pouvoir. Mais les choses semblent prendre un tournant différent. Est-ce parce que le président Gbagbo a aujourd’hui la certitude, qu’il n’avait pas hier, de remporter ces élections ? Peut-être, mais reconduire le système Gbagbo serait fatal pour les Ivoiriens. En dix ans de refondation, le pays a connu plus de corruption, d’abus en tout genre, de haine, de discrimination, etc., qu’en quarante ans de pouvoir avec le PDCI.

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Le président Gbagbo, sans être le principal instigateur de tous les maux et de toutes les bassesses qui accompagnent et soutiennent son régime, en est quand même le principal comptable. Le 29 novembre – date prévue du vote – sera le jour des comptes. Ces millions d’Ivoiriens qui disent souffrir doivent saisir cette occasion pour abréger leur misère. S’ils ne le font pas, c’est qu’ils se sentent bien dans cette situation et que nous nous sommes trompés.

Sanogo Yanourga Moussa, par courriel

La Guinée sur les pas du Mali

– J’ai lu avec intérêt l’article intitulé : « Dadis : j’y suis, j’y reste » (J.A. n° 2538). Je réaffirme ma confiance au capitaine Moussa Dadis Camara, président du CNDD, un patriote sincère, honnête et, qui plus est, doté d’une réelle volonté politique. Il doit mettre ses qualités au service de la Guinée en organisant des élections propres, c’est-à-dire libres, transparentes et crédibles, à l’instar de ce qu’avait fait dans son pays l’actuel président malien, Amadou Toumani Touré, en 1991-1992, qu’il a souvent cité en exemple, à juste titre.

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Yadji Sangaré, Montreuil, France

Des gifles aux Congolais

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– Est-ce un hasard de calendrier ou une mise en scène bien préparée ? C’est la question que je me pose comme tant d’autres Congolais. Lors de sa rencontre avec Joseph Kabila à Goma, Paul Kagamé a demandé que la page soit tournée dans les relations entre la RD Congo et le Rwanda. Et personne n’ignore les actes sanguinaires des militaires rwandais au Kivu. Une première gifle aux Congolais.

Alors qu’elle s’adressait aux étudiants à Kinshasa, Hillary Clinton, dont le mari, Bill, avait soutenu, en 1996, l’invasion du Zaïre par une coalition militaire rwando-ougandaise, a demandé aux Congolais de tourner la page et promis que les États-Unis travailleraient avec ceux qui seraient tournés vers l’avenir. Deuxième gifle aux Congolais.

Personne n’ignore que depuis 1996 quelque cinq millions de Congolais sont morts soit à cause des guerres, soit, surtout, à cause des effets collatéraux de celles-ci, soutenues par les États voisins avec la bénédiction de grandes puissances occidentales. Pourquoi ne demande-t-on pas aux Rwandais de tourner la page du génocide, aux Juifs de tourner la page de la Shoah ou aux Américains de tourner la page du 11 septembre 2001 ? Les Congolais attendent encore que leurs dirigeants organisent une journée de commémoration des massacres à grande échelle ou qu’un tribunal international soit installé, et on leur demande de tourner la page. Indifférence ou irresponsabilité ?

Christian Etongo-Ilengo, Ouagadougou, Burkina Faso

Un parfum de s(c)andale

– C’est toujours avec plaisir et grand intérêt que je lis le Post-scriptum de Fouad Laroui. Je suis tout à fait d’accord avec lui en ce qui concerne le « Scandale des sandales » (J.A. n° 2535). Ayant créé un centre pour enfants déshérités à Diourbel, au Sénégal, j’ai un jour participé à une émission radio afin de lancer un appel aux dons pour le centre. Beaucoup de personnes y ont répondu positivement, en laissant leurs coordonnées pour que j’aille chercher à leur domicile ou sur leur lieu de travail leur contribution à « cette belle initiative ». Ce que j’ai fait. Toutefois, quand j’ai fait le tri des dons, j’ai dû en porter plus d’un tiers au container. J’avais l’impression que certaines âmes charitables prenaient le centre pour un vide-poubelles. On aurait dit que, pour certains, tout était bon pour « les petits Africains qui, de toute façon, n’ont rien à se mettre sur le dos » !

Fouad Laroui a parfaitement raison de dénoncer « les chaussures pour l’Afrique » comme dangereuses. Moi-même, j’ai préféré jeter celles que j’ai reçues plutôt que de courir le risque de contaminer les pieds des gosses du centre. Avec la chaleur, pieds nus dans de vieilles chaussures, bonjour les dégâts ! Les ONG qui exportent des milliers de chaussures en Afrique devraient réfléchir aux conséquences de ces cadeaux empoisonnés et y renoncer à l’avenir. Au nom des enfants africains, je vous dis merci d’avoir dénoncé ce scandale.

Nadia Van hamme, Dakar, Sénégal

Françafrique : au suivant !

– Ce qui vient de se passer au Gabon est tout sauf étonnant pour celui qui connaît bien le fonctionnement de la politique française en Afrique francophone (voir J.A. n° 2540). C’est aussi la preuve évidente de la lente et progressive transformation de nos États en monarchies à cause de la nébuleuse Françafrique. En effet, après avoir soutenu à bout de bras le père pendant quarante et un ans, voilà de nouveau la France (avec la « rupture » sarkozyste…) au secours du fils, et cela afin de garantir la protection des intérêts élyséens qui seraient menacés si quelqu’un d’autre qu’Ali Bongo venait à loger au Palais du bord de mer. Jusqu’à quand ce système durera-t-il ? Nos États sont-ils plus que jamais en train de tomber sous la coupe de dynasties ?

Hier, c’était le Togo et la RD Congo, aujourd’hui, c’est au tour du Gabon. Demain, ce sera sûrement le Sénégal, le Niger, le Tchad, etc. Il y a lieu de constater que, contrairement à la « rupture » prônée par le sieur Sarkozy, la réalité reste que la France ne changera jamais sa politique de pillage et de détournement des richesses de nos pays, ce pour la simple raison que sa propre survie en dépend. Alors tant pis pour les « négros », car la démocratie est un « luxe » qui ne leur est pas permis ! Pauvres francophones !

Salam Behidi, Londres, Royaume-Uni

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