Sizwe Nxasana, PDG de FirstRand : le « Yes we can » sud-africain

Il est le premier PDG noir à la tête de l’une des premières banques de son pays. Depuis ce poste stratégique, il veut financer en priorité les projets de sa communauté avec un égal souci de rentabilité.

Publié le 22 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Une Rolls-Royce, une Maserati, une Aston Martin et quelques modèles de Porsche. Mais c’est la Bugatti Veyron qui fait la fierté de la collection de voitures rapides que possède Sizwe Nxasana, le PDG de FirstRand, l’une des quatre plus importantes banques commerciales d’Afrique du Sud. Précision, et de taille : il s’agit de modèles réduits qui trônent sur l’une des étagères de son bureau de Johannesburg. Car, si Sizwe Nxasana est depuis le 23 juin 2009 le premier PDG noir d’un groupe bancaire sud-africain de renom, cet homme d’affaires de 52 ans, modeste et humble, tranche avec la majorité de ses compatriotes qui ont réussi dans le business, plus connus pour leurs frasques et leurs puissants véhicules.

Et pour cause. le PDG de la FirstRand est sorti du lot, seul. Il s’est imposé dans un milieu largement dominé par les Blancs sans profiter du système public du « Black Empowerment » destiné à financer l’émergence d’une élite de Black tycoons. Sizwe Nxasana fut ainsi l’un des premiers experts-comptables noirs, et il a grimpé les échelons dans les entreprises dans lesquelles il était employé grâce à ses qualités de gestionnaire, aussi bien à Telkom, le géant des télécommunications, que, depuis 2006, à la FirstRand.

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Mais si son ascension doit peu à la discrimination positive, il a toujours soutenu les politiques publiques d’émancipation des Noirs lancées à travers le Black Empowerment, qui a transféré des actifs pour un montant de l’ordre de 500 milliards de rands (46 milliards d’euros) depuis 1994 à des investisseurs noirs. Pour lui, sa nomination démontre « que son pays progresse et se transforme. Elle doit jouer un rôle de catalyseur pour inciter d’autres entreprises à suivre l’exemple de la FirstRand et donner confiance en eux à d’autres personnes de couleur. » Car si son histoire, mélange de détermination et d’ascension sociale, est exemplaire, il n’en tire aucune gloire particulière. Au contraire. Du haut de son poste de PDG, il veut contribuer au changement social dans son pays mais, réflexe oblige pour un banquier, dans le respect d’une forte exigence de rentabilité pour son établissement. « L’objectif de la transformation sociale est complémentaire de celui de la croissance économique », justifie-t-il. Dès sa nomination, il a décidé de recentrer les activités de la banque sur le continent, et de développer les échanges et les investissements avec la Chine et l’Inde. Dès juillet, il signait un accord dans ce sens avec la China Construction Bank. 

Créer des richesses

Dans son propre pays, Sizwe Nxasana veut accompagner l’émergence d’une classe moyenne noire. « Dans les années 2000, 5 % à 8 % des nouveaux business étaient financés par des investisseurs noirs, rappelle-t-il. Nous en sommes à 40 % ou 45 % aujourd’hui. On observe le même phénomène dans le crédit immobilier. » Une tendance sur laquelle il veut surfer en développant la capacité de FirstRand à offrir des financements aux projets proposés par des gens de couleur. « Il est important que les Noirs décrochent l’opportunité de créer eux-mêmes leurs richesses », lance-t-il. Pour mieux comprendre et accompagner cette évolution du marché, le PDG veut recruter davantage de managers noirs ou d’origine asiatique. À plus long terme, sa banque veut contribuer – en finançant des bourses d’études – à former de jeunes Noirs aux langues étrangères et à lever ainsi une nouvelle génération d’ingénieurs, de médecins, d’hommes de marketing… Bien sûr, Sizwe Nxasana n’attend aucun profit immédiat de ces mesures, elles ancrent d’abord la responsabilité sociale de la banque.

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