Demain, la Tunisie…

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Publié le 21 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

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1987-2009 Les années Ben Ali

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Inutile de chercher suspense et enjeu là où il n’y en a pas : la Tunisie va réélire, le 25 octobre prochain, Zine el-Abidine Ben Ali à la tête de l’État. Ce Plus de Jeune Afrique vous propose de mesurer le chemin parcouru depuis son accession au pouvoir, le 7 novembre 1987. C’est l’occasion, aussi, de s’interroger sur l’avenir d’une nation qui suscite parfois les passions. Citée en exemple par les uns, flagornée par certains, critiquée, voire vilipendée, de manière pavlovienne par d’autres, la Tunisie n’est pourtant pas Janus. Pas de double visage, mais un pays complexe, loin de l’image caricaturale – positive comme négative – que certains s’échinent à brosser.

Que fera le président de ce cinquième mandat ? Quelles devraient être ses préoccupations majeures ? Répondre aux aspirations des Tunisiens (qui manquent cependant de canaux pour les exprimer) et, surtout, préparer l’avenir, donc la relève. Deux défis d’envergure se présentent à l’horizon, qui nécessitent une vision sur le long terme.

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Le premier d’entre eux : ne pas se contenter des acquis. On l’a dit et répété (trop, peut-être…), depuis plus de vingt ans, la liste des progrès réalisés ne cesse de s’allonger : émergence d’une véritable classe moyenne, scolarisation généralisée, accès à l’eau, à l’électricité, aux soins, droits des femmes (mais pas encore assez), économie aux taux de croissance flatteurs, faible pauvreté (comparativement aux voisins), stabilité, absence de crises politiques ou sociales, etc. Mais ces avancées restent fragiles.

Malgré sa résistance certaine à la crise qui frappe la planète, l’économie tunisienne donne des signes d’essoufflement. Certains investisseurs étrangers hésitent encore à s’y installer et préfèrent la destination Maroc, pourtant moins compétitive sur le papier. En outre, si les entreprises tunisiennes demeurent performantes, aucune n’occupe le haut du pavé sur la scène internationale, voire méditerranéenne. Les grands groupes du pays multiplient leurs activités, se diversifient. Mais aucun n’est numéro un sur un secteur précis. Et rares sont ceux qui exportent leur savoir-faire en dehors des frontières d’un marché restreint, contrairement, par exemple, à certains « champions » marocains qui lorgnent avec gourmandise le sud du Sahara. En matière économique, on ne peut se permettre de faire du surplace…

Enfin, condition sine qua non d’un avenir serein, l’indispensable ouverture démocratique. Davantage de libertés, davantage de débats, une opposition qui joue son rôle et non celui qu’on lui assigne… Sinon, le risque est grand de voir nombre d’entrepreneurs, de créateurs, de chercheurs ou d’intellectuels aller exercer leurs talents sous d’autres cieux. Il faut nourrir son cerveau autant, si ce n’est plus, que son estomac…

L’autre grand défi, certainement le plus complexe, consistera à se forger une véritable identité nationale. Que signifie être tunisien aujourd’hui ? Être maghrébin, méditerranéen, africain, musulman, laïc, regarder vers l’Europe, au-delà du Sahara ou vers le Moyen-Orient ? Quel socle commun de valeurs veut-on définir ? Quel avenir désire-t-on construire ? Autant de questions sans réponses précises. Aujourd’hui, le ciment de la nation, sa cohésion, c’est l’État, et donc son chef. Le seul point d’ancrage, la seule référence, l’unique centre de décisions et d’impulsions. Personne ne peut dire ce qu’il adviendra du pays quand il ne sera plus à sa tête, demain, dans cinq ans ou dans dix. Il faudra bien se pencher, un jour, sur cette question. Même si d’aucuns la jugeront déplacée…

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