L’aide chinoise au développement décryptée

D’après une enquête menée sur la période 2000-2011, la Chine a versé plus de 75 milliards de dollars d’aide à l’Afrique, soit presque l’équivalent de l’aide consentie par les États-Unis sur la même période. Cette initiative d’une université américaine vient mettre en lumière les chiffres méconnus de la coopération chinoise.

La base de données détaille 1700 projets lancés dans 50 pays africains entre 2000 et 2011. DR

La base de données détaille 1700 projets lancés dans 50 pays africains entre 2000 et 2011. DR

Publié le 30 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

D’après une étude publiée lundi 29 avril par le Center for Global Development, un think tank américain, la Chine a investi plus de 75 milliards de dollars en Afrique entre 2000 et 2011. Un montant qui contraste avec les 1,1 milliard de dollars déboursés chaque année par l’Empire du milieu en Afrique et officiellement considérés comme de l’aide au développement. C’est presque autant que l’aide bilatérale américaine, évaluée à quelque 90 milliards de dollars sur la même période. Parallèlement à ce rapport, des chercheurs américains au William and Mary College, en Virginie, ont lancé la plus grande base de données sur les investissements publics chinois en Afrique, AidData. Cette base de données détaille pratiquement 1 700 projets lancés dans 50 pays africains entre 2000 et 2011.

Variété de secteurs

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La Chine a ainsi participé à des initiatives très diverses. La majorité de l’argent dépensé a permis à différents pays africains de réduire leur dette. Peu de projets miniers sont pris en compte alors que le transport, le stockage de denrées et les initiatives pour l’énergie représentent la plupart des investissements. Les données triées par le Guardian, un  quotidien britannique, montrent également que la Chine a investi des centaines de millions de dollars dans les domaines de la santé, de l’éducation et des projets culturels.

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Par exemple, en Côte d’Ivoire, la Chine a investi 100 millions de dollars pour l’autoroute Grand Bassam. En RD Congo, elle a dépensé 367 millions de dollars pour le barrage hydroélectrique de Zongo II et 321 millions pour le déploiement de la fibre optique dans l’est du pays. Au Sénégal, elle a fourni 143 millions pour la mise en place d’un réseau de e-gouvernement. la mise e place d’un réseau de e-gouvernement. En Afrique du Nord, elle a participé à la construction d’un opéra de 1 400 sièges d’un coût de 41 millions de dollars en Algérie. Par ailleurs, la Chine a aussi envoyé des milliers de médecins et d’instituteurs travailler en Afrique.

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Le Nigeria a été le principal bénéficiaire de l’argent chinois, suivi du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud, même si Pékin a soutenu de nombreux autres pays à l’exception des pays ayant reconnu Taïwan, sujet traditionnellement sensible pour la Chine, qui considère l’île comme partie intégrante de son territoire.

Top 10 des pays africains soutenus par les investissements du gouvernement chinois, en milliards de dollars

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1. Nigeria – 51,12
2. Zimbabwe – 26,92
3. Afrique du Sud – 24,97
4. Ghana – 23,12
5. Guinée – 22,26
6. Angola 20,88
7. Zambie – 10,73
8. Éthiopie – 10,44
9. RD Congo – 9,16
10. Mozambique – 8,78

 

Une base de données complète

Alors que les montants de l’aide publique au développement fournie par les pays occidentaux et les pays émergents en Afrique sont facilement accessibles, ceux de la Chine le sont beaucoup moins. « La Chine considère ses activités d’aide au développement comme un secret d’état » explique Andreas Fuchs, professeur d’économie à l’université de Heidelberg, en Allemagne. Quand l’équipe en charge de la réalisation de la base de données a voulu demander des informations au ministère chinois du Commerce, ce dernier a répondu : « Ceux qui ont besoin d’en savoir plus sur notre générosité sont déjà au courant », a expliqué Brad Parks, directeur général d’AidData, à l’agence Reuters.

Les chercheurs d’AidData ont passé dix-huit mois à compiler et à coder des milliers d’articles parus dans la presse pour construire cette base de données. Ils espèrent que les utilisateurs contribueront à donner davantage de détails sur les projets. Cette base de données comprend une carte interactive qui indique les investissements effectués dans chaque pays africain ainsi que le niveau d’avancement de ces projets. À terme, elle intègrera en continu les contributions des pays qui investissent en Afrique. Ses créateurs ne souhaitent pas émettre de jugement sur la polémique de l’implication chinoise en Afrique. Leur ambition : élever le débat en fournissant des données qui n’existent pas dans les statistiques actuelles sur l’aide au développement.

Vijaya Ramachandran, collaboratrice du think tank Centre for Global Development, basé à Washington et co-auteur d’un rapport sur le projet AidData, a ainsi déclaré que « la Chine est un acteur émergent majeur dans le financement du développement en Afrique et nous avons besoin de savoir ce qui s’y passe ».

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