FMI : comment DSK a licencié le Père Fouettard
Dominique Strauss-Kahn a de la chance. La plus grande crise financière et économique que le monde ait connue depuis 1929 l’a beaucoup aidé à remettre d’aplomb et à gommer l’image de Père Fouettard du Fonds monétaire international.
Lorsque, le 1er décembre 2007, il en prend la tête, le FMI n’a plus de clients et a été contraint de licencier 500 de ses employés. Tous les pays ont profité de plusieurs années de croissance échevelée pour rembourser leurs emprunts et constituer des réserves qui leur permettent d’échapper aux médications drastiques que, du Niger à l’Argentine et de l’Indonésie à la Turquie, le Fonds impose uniformément : suppression à la hussarde des déficits, coupes claires dans les budgets de santé et d’éducation, réduction des subventions aux produits alimentaires, etc. Les pays les plus défavorisés l’accusent de les avoir appauvris, voire affamés.
Astucieusement, DSK va changer ces façons de faire. Il impose, par exemple, au Pakistan et à la Hongrie des plans de redressement bien plus doux qu’autrefois et promet à l’Afrique des aides pour supporter la crise qui s’annonce. Et ça marche ! Le 3 avril, le G20 de Londres a confié au FMI un rôle de pompier planétaire et lui a alloué des sommes astronomiques pour éteindre les incendies qui se multiplient. Neuf mois plus tard, les réserves de ce dernier ont triplé. Les pays riches et émergents lui ont prêté 500 milliards de dollars supplémentaires, et lui-même a émis 250 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS). Du coup, les 80 pays les plus pauvres profiteront bientôt de 17 milliards de dollars de prêts supplémentaires et d’une suspension du paiement des intérêts pendant deux ans. Quant aux pays émergents, comme le Mexique ou la Pologne, ils peuvent d’ores et déjà souscrire des lignes de crédit flexibles qu’ils n’utiliseront qu’en cas de catastrophe.
DSK aura pourtant besoin de toute son habileté pour réussir deux gageures. La première est d’accroître le poids des pays émergents au sein de l’institution. La seconde, de voler au secours de tous les États, sans exception, afin que ceux-ci soient en mesure d’utiliser leurs réserves d’argent pour alimenter la croissance. Du 2 au 6 octobre, la réunion annuelle du Fonds, à Istanbul, donnera le coup d’envoi de ces deux chantiers à hauts risques.
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