Après le déluge
Depuis une dizaine d’années, la fin de l’été est la période de tous les dangers pour les populations exposées aux intempéries. L’année 2009 n’a hélas pas dérogé à la règle.
Conséquence d’El Niño ? Depuis une dizaine d’années, les averses qui annoncent la fin de la canicule estivale emportent troupeaux et bergers, habitations avec leurs occupants, routes et ponts. Les victimes se comptent par dizaines, les sans-abri par centaines de milliers et les dégâts se chiffrent à plusieurs millions d’euros. Septembre est devenu le mois de tous les dangers pour les populations des hauts plateaux et celles, nomades ou sédentaires, du nord du Sahara, régions les plus exposées à la furie des cieux. Et, chaque année, à la suite de ces drames, le gouvernement assure qu’il prendra les mesures adéquates pour réduire les risques liés aux inondations.
Septembre 2009, avec ses 16 personnes emportées par des crues d’oued et ses 30 000 sans-abri, n’a pas fait exception. Si les averses du désert sont plus meurtrières ici qu’ailleurs, c’est en grande partie à cause de la crise du logement. Faute d’habitations décentes dans les villes du Sud et d’assiettes de terrain pour y construire leur maison, des milliers de familles n’ont d’autre solution que de se rabattre sur des zones inondables. Si, dans le Nord, les bidonvilles s’érigent le long des voies ferrées ou à proximité des décharges publiques, dans le Sud, les habitations de fortune se dressent sur les lits d’oueds. À la suite de la catastrophe de la vallée du Mzab en septembre 2008 (29 morts, 5 000 maisons détruites par la « crue du siècle »), le gouvernement d’Ahmed Ouyahia avait élaboré une loi interdisant toute construction dans les zones à risques. Cela n’a pas empêché les élus locaux de continuer à délivrer des permis de construire contre des pots-de-vin. Plus grave : l’État s’étant engagé à résorber la crise du logement, une aide à la construction d’habitations rurales (700 000 dinars, soit 371 000 euros) est accordée à ceux qui s’engagent à respecter les règles de construction. Mais les responsables locaux préfèrent fermer les yeux sur les risques encourus par les « squatters d’oueds » plutôt que de faire face à une possible jacquerie.
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