Katanga : Lubumbashi sort de ses murs

Dans la capitale provinciale, le marché immobilier est saturé et les prix flambent. Certains promoteurs vont construire ailleurs, notamment à Luano City, en périphérie.

Programme d’appartements dans le centre-ville. © Baudouin Mouanda/JA

Programme d’appartements dans le centre-ville. © Baudouin Mouanda/JA

Publié le 15 mai 2013 Lecture : 4 minutes.

Chantiers de villas, d’immeubles, d’hôtels, de centres commerciaux, de boutiques… La construction ne connaît pas de répit à Lubumbashi, le chef-lieu du Katanga, qui abrite plus de 3 millions d’habitants. Cette frénésie immobilière est, pour certains, un moyen de placer leurs revenus et de répondre à un double besoin : celui de loger, notamment, une population à bon pouvoir d’achat et qui ne trouve plus une offre suffisante dans le tissu urbain ancien, mais aussi d’abriter les activités qui se développent tous azimuts dans la ville et son agglomération.

Côté logements, ce sont les maisons qui ont la préférence des Lushois. Des villas de standing poussent comme des champignons dans l’ouest de la ville, au sein et autour du quartier huppé du Golfe et de Golfe-Météo, dans le quartier des Battants, du Cercle hippique, ainsi que sur la route de Kipopo.

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L’émergence des nouvelles zones résidentielles a été favorisée par le bitumage de la voirie. Louées ou occupées par leurs propriétaires – des Congolais aisés et quelques expatriés installés depuis longtemps dans la province -, ces villas sont bâties par de petites sociétés locales, voire par une main-d’oeuvre étrangère, généralement chinoise ou indienne.

Chères villas

La vie en appartement n’ayant toujours pas la préférence des Congolais, les programmes d’immeubles d’habitation, comme celui situé près de La Plage, grand complexe commercial et de loisirs, sont plus rares. Ces immeubles sont financés principalement par des promoteurs individuels ou des sociétés privées, notamment par des miniers pour loger leur personnel expatrié.

Bien qu’inférieurs à ceux pratiqués à Kinshasa, les prix de vente et de location dans les quartiers chics sont élevés. Ainsi, la location d’une belle villa de 4 chambres oscille entre 3 000 et 4 000 dollars (entre 2 300 et 3 100 euros) par mois, selon la superficie et les prestations (notamment les villas avec piscine). À la vente, les prix varient évidemment « en fonction de la localisation, mais aussi de la présence dans le quartier d’une institution, qui fait flamber les prix », précise un agent immobilier. Néanmoins, pour acquérir une belle villa en zone résidentielle, il faut compter entre 300 000 et 400 000 dollars.

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Grand bain olympique

Réalisé par New Baron & Lévêque International Afrique (une filiale du groupe Forrest) et par la société sud-africaine Malachite Pools, l’ouvrage est impressionnant, et ses dimensions olympiques (50 m de long, 25 m de large et 2 m de profondeur, soit 2 500 m3). La nouvelle piscine, construite dans la concession du célèbre Institut Kiwele de Lubumbashi, entièrement réhabilité, fait la fierté des Lushois. Outre une salle de gymnastique, un autre bassin aux dimensions plus petites (destiné à accueillir de jeunes nageurs) vient compléter l’infrastructure sportive. Réhabilitation du collège comprise, le tout a été financé par le gouvernorat du Katanga pour un montant global de 20 millions de dollars (15,2 millions d’euros). Reste à dénicher et à former les futurs talents aquatiques de la province. « Nous avons envoyé se former en Afrique du Sud les entraîneurs qui encadreront les jeunes nageurs. Un appel d’offres sera prochainement lancé pour recruter un entraîneur chargé de former les futurs champions, explique le gouverneur, Moïse Katumbi. Par ailleurs, des équipes sillonneront la province jusqu’au fin fond des villages pour détecter les talents. Et nous allons faire revivre la Ligue de natation provinciale. » Après le succès footballistique du TP Mazembe, ce sera papillon, dos, brasse et crawl au programme. M.D.

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La demande en bureaux et espaces commerciaux est elle aussi de plus en plus forte, émanant des banques, importateurs en gros, sociétés de distribution, commerçants, établissements hôteliers… Mais dans le centre-ville les espaces libres se font extrêmement rares. Du coup, on transforme volontiers une villa, un ancien magasin ou un vieil immeuble pour les adapter aux besoins du secteur tertiaire. Et, quand un terrain se libère, on le revend à prix fort pour construire. Ce sont surtout les bureaux qui manquent cruellement : « À part ceux de la Gécamines et de la Société nationale des chemins de fer congolais, Lubumbashi ne possède pas de grands immeubles de bureaux », indique un agent immobilier.

Business Park

Pour répondre à la demande dans le résidentiel comme dans le tertiaire, il n’y a pas d’autres solutions désormais que de sortir du centre-ville et de la zone urbanisée. C’est ainsi qu’est né le projet Luano City, développé par le promoteur Luano Grandes Properties, une filiale de Forum Properties Africa, que détient majoritairement l’homme d’affaires américain Preston Haskell, aux côtés d’investisseurs russes. Basé à Johannesburg, Forum Properties Africa investit surtout dans des projets immobiliers en Afrique du Sud (Cradle City, près de l’aéroport Lanseria) et en Russie. Luano Grandes Properties a obtenu une concession de 220 ha pour une durée de vingt-cinq ans renouvelable, sur la route de l’aéroport de Lubumbashi. Outre une zone résidentielle, Luano City comprendra des espaces consacrés à des locaux commerciaux, des bureaux et à des industries légères. La compagnie Tenke Fungurume Mining (TFM) y a déjà acquis deux immeubles construits par l’entreprise Benco. Quant à Congo Equipment (coentreprise entre le sud-africain Barloworld Equipment et le français Tractafric), qui représente le groupe Caterpillar, il y a pris un espace pour son show-room. D’autres devraient suivre. « En 2013, la société investira entre autres dans la voirie, les raccordements en eau et en électricité. Nous prévoyons la construction de trois autres blocs de bureaux dans l’espace Business Park et celle des premières maisons-témoins de la partie résidentielle. Une société s’occupera de la gestion de la copropriété », précise Gaël Loshi, chargé du marketing du projet.

Le boom immobilier devrait profiter aux sociétés de construction locales, dont Safricas, Forrest, Edile Construction, Benco, Construct, Nazem ou encore Immo Katanga (à la fois agence immobilière, syndic et constructeur), ainsi qu’aux entreprises sud-africaines, dont certaines fournissent déjà une grande part des matériaux nécessaires à la finition des bâtiments dans la province.

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