Affaire Habré : un an d’immobilisme
Exilé depuis dix-neuf ans à Dakar, l’ex-président tchadien n’est toujours pas jugé. Les victimes dénoncent la « mauvaise foi » et les « manœuvres dilatoires » du Sénégal.
Le 16 septembre 2008, les victimes de l’ex-dictateur Hissène Habré, installé à Dakar depuis sa chute, en 1990, déposaient devant la justice sénégalaise une plainte pour torture et crimes contre l’humanité. Un an plus tard, le dossier n’est toujours pas instruit.
Relayés par les organisations de défense des droits de l’homme, les plaignants ont élevé une vive protestation contre l’« immobilisme du Sénégal » et les « manœuvres dilatoires » du gouvernement.
Les autorités se retranchent derrière l’argument financier, arguant que l’État sénégalais n’a pas les moyens d’organiser un tel procès. Cependant, selon le ministre de la Justice, Madické Niang, cet « obstacle majeur » devrait être réglé avec la tenue prochaine à Dakar de la table ronde des bailleurs de fonds. Le Sénégal a estimé à 27,4 millions d’euros le coût de ce procès. Montant jugé trop élevé par les bailleurs.
De plus, le Sénégal exige de percevoir la totalité de cette somme avant le début de la procédure.
En 2006, l’ONU a estimé que le Sénégal devait juger ou extrader le dictateur. Une autre procédure contre Habré est en cours en Belgique, qui a demandé son extradition.
Demba Kandji, premier juge d’instruction à avoir inculpé Habré en 2000, devenu directeur des affaires criminelles et des grâces, affirme que « des magistrats sénégalais sont en passe de se rendre en Belgique pour s’enquérir de l’instruction menée par ce pays ». Vérification faite par un influent activiste des droits de l’homme auprès des autorités belges, celles-ci n’ont reçu aucune demande de ce type émanant du Sénégal.
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