RD Congo : voyage au coeur de l’empire du cuivre

Exploité depuis quatre ans, Tenke Fungurume est l’un des plus grands gisements au monde. Voyage au coeur d’un véritable empire.

TFM développe une nouvelle zone d’habitat communautaire à Tenke. © TFM

TFM développe une nouvelle zone d’habitat communautaire à Tenke. © TFM

Publié le 13 mai 2013 Lecture : 5 minutes.

C’est dans la fameuse copper belt (« ceinture de cuivre ») congolaise, dans le district de Kolwezi, qu’est implanté le gisement de Tenke Fungurume Mining (TFM). La compagnie tire son nom des deux villes sur les territoires desquelles son projet est situé : celle de Tenke (à 70 km à l’est de Kolwezi) et celle de Fungurume (à environ 100 km à l’est de Kolwezi et 200 km au nord-ouest de Lubumbashi). Son royaume : une concession de quelque 1 600 km2 répartis sur une centaine de collines, formant, entre autres, les sites miniers de Tenke-Sefu-Fwaulu et de Kwatebala, ce dernier abritant l’usine hydrométallurgique de TFM.

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Évaluées à 119 millions de tonnes de cuivre et de cobalt, les réserves de la concession sont parmi les plus importantes connues au monde. Et elles pourraient être revues à la hausse si la prospection engagée par TFM pour évaluer la minéralisation de ses gisements, notamment en cobalt, se révélait probante. Associant l’américain Freeport-McMoRan Copper & Gold (FCX, 56 %), le canadien Lundin Mining (24 %) et la Générale des carrières et des mines (Gécamines, 20 %), TFM est devenu le poids lourd de la filière cuivre-cobalt dans la province et en RD Congo, devançant Mutanda ya Mukonkota Mining (Mumi) et Kamoto Copper Company (KCC), contrôlés par le suisse Glencore. En effet, de 2009 à 2012, sa production est passée de 70 000 t à 157 700 t de cathodes de cuivre et de 2 580 t à 11 700 t d’hydroxyde de cobalt.

Située à l’est de Kolwezi, la concession couvre 1 600 km2 sur une centaine de collines.

TFM (re)visité

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Signée en septembre 2005, la convention minière liant TFM à l’État congolais a été « revisitée » en 2010. Au terme d’une longue et rude négociation, plusieurs points ont été revus au bénéfice de la partie congolaise dont l’augmentation des parts sociales de la Gécamines dans le joint-venture, qui sont passées de 17,5 % à 20 %. Lancée en 2007, la première phase d’investissement, d’un montant d’environ 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), a porté sur la construction des infrastructures minières et de l’usine. Les premières productions ont commencé en 2009.

Mais TFM voit grand et a donc lancé une nouvelle phase d’investissement de 850 millions de dollars, en cours de réalisation, afin d’optimiser les installations et d’augmenter les capacités de la mine et des unités de traitement : mise à niveau du broyeur, acquisition d’un équipement minier supplémentaire, construction d’une nouvelle salle d’électrolyse, extension de l’usine de production d’acide sulfurique… De quoi porter la capacité de broyage à 14 000 t de minerai par jour et augmenter d’environ 68 000 t par an la production de cathodes de cuivre.

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Presque tous les travaux sont terminés, sauf l’extension de l’usine d’acide sulfurique, qui sera livrée en 2015. Grâce à ces investissements, dès cette année, la production de cathodes de cuivre devrait atteindre 200 000 t et celle d’hydroxyde de cobalt 15 000 t. À terme, l’usine de Kwatebala devrait produire 450 000 t de cathodes de cuivre par an.

Acquisitions

Dans la perspective d’étendre ses opérations à plusieurs gisements d’oxydes sur les collines de Fungurume ainsi que dans les zones nord et sud de Dipeta et Pumpi, situées sur sa concession, TFM envisage d’agrandir les installations de stockage de déchets miniers installées près de l’usine de traitement de Kwatebala. L’étude d’impact environnemental et social du projet a été confiée au sud-africain SRK Consulting.

En 2012, TFM a versé plus de 200 millions de dollars en impôts et taxes au Trésor congolais.

Pour aller vers plus de transformation et s’assurer un meilleur accès aux marchés du cobalt, les partenaires de TFM ont acquis OMG Kokkola Chemicals Oy, la raffinerie (située en Finlande) de l’américain Outokumpu Mining Group – qui s’est retiré de RD Congo en cédant les parts que sa filiale détenait dans le Groupement du terril de Lubumbashi. Une acquisition, d’un montant de 355 millions de dollars, financée par FCX (70 %) et Lundin (30 %). Quelque 110 millions de dollars pourraient y être ajoutés d’ici à trois ans. La nouvelle société, dont le capital est détenu par les trois partenaires de TFM, opérera sous le nom de Free-Cobalt.

À l’instar d’autres compagnies minières du Katanga, qui subit, comme le reste du pays, les défaillances du réseau électrique, TFM s’est engagé à participer à la réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Nseke, en partenariat avec la Société nationale d’électricité (Snel). Le groupe a déjà financé, pour environ 140 millions de dollars, l’achat et la livraison de deux transformateurs en 2009, ainsi que la rénovation et la mise à niveau des lignes de transport d’électricité. Un crédit remboursable sur les prochaines factures.

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Obligation contractuelle oblige, TFM investit aussi dans le développement communautaire. « Nous consacrons 0,3 % des revenus nets tirés de nos ventes de métal pour financer un fonds social communautaire géré par des représentants des communautés de Tenke et de Fungurume. Les contributions s’élèvent à 11,3 millions de dollars depuis le lancement de la production », explique le service de communication de Freeport.

Depuis le démarrage du projet en 2006, TFM, qui emploie actuellement 3 000 personnes et fait travailler environ 4 500 sous-traitants, dit avoir versé 717 millions de dollars (dont 201 millions pour l’exercice 2012) en impôts et taxes aux différents services publics. En 2014, TFM pourrait dégager des profits. Un bon point pour le Trésor congolais, auquel TFM devra payer un impôt sur les bénéfices, ainsi que pour la Gécamines, qui pourrait alors bénéficier de ses premiers dividendes.

Projets de ville

De moins de 30 000 âmes en 2005, la population de Tenke Fungurume est aujourd’hui estimée à plus de 100 000 habitants et pourrait passer le cap des 200 000 d’ici à 2015. Pour faire face à tous les besoins qu’entraîne une telle croissance démographique et spatiale (logements, équipements collectifs et services de base : eau potable, électricité, gestion des ordures ménagères, etc.) et assurer un développement harmonieux de Tenke Fungurume, la réalisation d’un Plan de gestion du développement urbain (PGDU) pour une durée de quinze ans (2010-2025) a été confiée au bureau d’études français Groupe Huit. Financée par TFM, qui appuie le gouvernement provincial, l’étude, lancée en 2012, permettra de déterminer la faisabilité du projet et d’élaborer un plan local d’aménagement. Celui-ci sera le document de référence pour orienter l’urbanisation de la ville et son extension vers le sud-est, là où se trouvent les gisements. Un comité de pilotage du projet, composé de représentants du gouvernement provincial, de communautés locales et de TFM, a été mis en place. M.D.

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