Jackpot pétrolier au Sierra Leone
Dans le jargon des explorateurs, on l’appelle « wildcat ». Entendez : un forage dans une zone inexplorée, avec une chance de réussite de l’ordre de 5 %. La « mise » varie entre 100 et 200 millions de dollars. Ceux qui se livrent à ce genre de pari un peu fou sont les nouveaux aventuriers du secteur pétrolier. Leur terrain de chasse, c’est le golfe de Guinée. Leur dernier succès, ils l’ont remporté en Sierra Leone, un pays meurtri par la guerre civile (1991-2002) et saigné par le trafic de diamants.
Le 16 septembre, un vent d’espoir souffle au large de Freetown. La compagnie américaine Anadarko trouve une couche de pétrole épaisse de 14 mètres. Le forage a traversé 1 835 m d’eau avant de creuser 3 530 m dans les entrailles de la terre. Une profondeur jamais atteinte dans cette zone.
Baptisé Vénus B-1, le puits a probablement touché un vaste gisement, dont les réserves sont prudemment estimées à 200 millions de barils. Il faudra deux ou trois autres forages avant d’évaluer le potentiel réel de Vénus, premier champ pétrolifère de la Sierra Leone. Réponse : d’ici à la fin de 2010.
Anadarko possède 40 % de la concession (bloc SL 6/07), l’australien Woodside (25 %), l’espagnol Repsol (25 %) et le britannique Tullow (10 %) se partageant le reste. La compagnie américaine partage également une dizaine d’autres permis d’exploration dans le bassin libérien (qui couvre les eaux territoriales du Liberia et de la Sierra Leone) et le bassin ivoirien (Côte d’Ivoire et Ghana).
Dans ce no man’s land maritime, qui s’étend sur 1 100 km et couvre une superficie de 32 000 km2, on ne trouve pas les « vieilles majors » (BP, Shell, Total, Eni, Chevron…), mais des jeunes structures ambitieuses qui veulent repousser le plus loin possible les frontières de cette nouvelle province pétrolière ouest-africaine.
Dans le passé, on a trouvé de l’or noir au large du Nigeria et, plus récemment, au grand large de la Côte d’Ivoire (gisement Baobab, découvert en 2001 et productif depuis 2005) et du Ghana (Jubilee, découvert en 2007 et qui sera productif à partir de fin 2010). Il y en a certainement aussi au large de la Sierra Leone et du Liberia, estiment les néo-explorateurs qui achètent à très bas prix des blocs d’exploration et investissent massivement dans la recherche. Les découvertes réalisées au Ghana (Jubilee, Mahogany, Odum, Tweneboa) et celle de Vénus sont encourageantes. Anadarko place également beaucoup d’espoirs dans le prochain forage du Grand-Lahou sud, au large de la Côte d’Ivoire.
Les plus optimistes estiment le potentiel des bassins libérien et ivoirien à 6 milliards de barils, soit la moitié des réserves actuelles de l’Algérie, trois fois celles du Congo et six fois celles du Tchad.
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