Rodolphe Adada

Ancien représentant spécial de l’ONU au Darfour.

Publié le 21 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Rodolphe Adada, 63 ans, ancien chef de la diplomatie congolaise, a volontairement quitté, le 1er septembre, ses fonctions à la tête de la mission conjointe ONU-UA au Darfour (Minuad), poste qu’il occupait depuis novembre 2007 – il a, depuis, été nommé ministre d’État dans le nouveau gouvernement congolais. Son départ a surpris de nombreux observateurs. Il nous explique dans quel état il a laissé cette région tourmentée du Soudan.

JEUNE AFRIQUE : Pourquoi avez-vous démissionné ?

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RODOLPHE ADADA : Mon contrat devait s’achever en décembre 2009. J’ai demandé à quitter mes fonctions trois mois plus tôt. Vous voyez qu’il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un représentant spécial.

Tout de même ! Vous veniez de qualifier le Darfour d’« arène d’un conflit à basse intensité ». Ce qui contraste avec l’alarmisme ambiant…

Ma déclaration devant le Conseil de sécurité est publique. Je n’ai fait que rapporter ce qui se passe sur le terrain : les déplacés et les réfugiés sont toujours là, les exactions et les crimes n’ont toujours pas été sanctionnés. Toutefois, sur le plan arithmétique, on peut affirmer aujourd’hui que le conflit est de basse intensité, et j’ai communiqué les chiffres de cette violence. J’ai donc dit qu’il était temps de rechercher une solution politique. Mon intervention n’a suscité aucune réaction des membres, permanents ou non, du Conseil de sécurité durant la séance publique.

Ban Ki-Moon vous a proposé de prolonger votre contrat de six mois, contrairement à l’usage qui veut qu’un représentant spécial bénéficie de contrats annuels. Avez-vous ressenti cela comme une humiliation ?

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C’est un bien grand mot. Je préfère rester positif et dire que j’y ai vu une opportunité pour anticiper mon départ.

De nombreuses ONG et des groupes de pression vous ont reproché un certain laxisme à l’égard du gouvernement soudanais…

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Nul ne m’a tenu de tels propos. La seule appréciation de mon travail que je prends en considération est celle de mes mandants : le secrétaire général de l’ONU et le président de la Commission de l’UA, ainsi que celle de mes partenaires dans ce dossier : le gouvernement de Khartoum, la population soudanaise et les acteurs politiques et militaires du Darfour.

Dans quel état avez-vous laissé le Darfour ?

La violence a indéniablement baissé d’intensité. Désormais, elle relève davantage du banditisme que du conflit militaire.

On évoque pourtant un génocide…

Ce n’est pas le langage des Nations unies ni celui de l’UA. Il est vrai que l’on parle de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, mais mon sentiment est que l’on manque souvent d’honnêteté et d’objectivité dès lors que l’on aborde la question du Darfour.

Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du président El-Béchir a-t-il empoisonné vos relations avec les autorités soudanaises ?

En aucune manière. La CPI est totalement indépendante des institutions que je représentais et les autorités de Khartoum l’avaient bien compris. Le Soudan n’est pas le Kosovo. C’est tout sauf un failing state (« État défaillant »). Ses institutions sont solides et efficaces. Cela m’a facilité la gestion de l’après-mandat d’arrêt. Business as usual.

La solution politique que vous prônez est-elle réaliste ?

Il n’y a pas d’alternative. La voie de la violence est sans issue.

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