Courrier des lecteurs

Publié le 15 septembre 2009 Lecture : 5 minutes.

Monarchies françafricaines

– Le père est mort ! Vive le fils ! Que tous les rêveurs éveillés qui avaient cru que cela se passerait au Gabon autrement qu’au Togo lèvent le doigt ! En fait, la leçon qu’il faut retenir de ce qui vient de se passer au Gabon, c’est qu’il suffit aux héritiers putatifs des « monarchies républicaines » d’oser. Avec le soutien inconditionnel des nervis prêts à leur étaler le tapis rouge menant des urnes aux ors de la République. D’autant que la France sera toujours là pour s’empresser de « prendre acte », ce qui vaut blanc-seing.

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Le ministre des Affaires étrangères français a, l’air sévère, appelé au respect de la loi et de l’ordre. Or donc il serait aussi ministre de l’Intérieur du Gabon ? J’espère que la prochaine fois qu’il y aura le feu dans les banlieues françaises il se trouvera un étrange ministre d’un pays africain normal, ingérence pour ingérence et parallélisme des formes obligent, pour appeler à la réserve les descendants de leurs tirailleurs vivant en métropole et qui forment, paraît-il, « la racaille » (elle est issue à 90 % de l’immigration, c’est Le Pen qui le dit).

La France, puissance qui se veut tutélaire mais qui n’a même pas le courage de le reconnaître ouvertement, sera toujours en Afrique en retard d’une guerre, d’une guerre de générations. Le degré d’autisme de ses dirigeants ne leur a pas encore permis de comprendre que le fait d’avoir été honnis par la jeunesse de Côte d’Ivoire n’était pas un phénomène isolé et définitif, mais précurseur d’autres rejets.

Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

Apprendre à pêcher

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– Après la disparition d’Omar Bongo Ondimba (et l’élection de son fils), il nous faut bien revenir à de la lucidité et tâcher de comprendre ce qu’a été cet homme. La rédaction de J.A. (n° 2527) lui a rendu un hommage, les lecteurs aussi. Pourtant, ce que beaucoup pensent de lui est très discutable ; voyons quelques aspects.

OBO, « président généreux » ? Les Gabonais auraient certainement gagné plus à ce que leur président, plutôt que de leur distribuer du poisson, créât des conditions qui leur permettent de pêcher. OBO, « grand bâtisseur » ? Peut-on faire moins, en quarante et un ans, avec tant de ressources ? L’œuvre de Bongo, passée au crible de l’efficacité, se révélerait plutôt décevante. OBO, « grand sage » ? Est-ce sagesse que d’avoir passé tant de décennies à soutenir (au détriment des siens) la Françafrique, dispositif de pérennisation du colonialisme français en Afrique noire francophone ? OBO, « acteur de la paix au Gabon » ? Pourquoi le dire dans un pays qui n’a pas connu de guerre ? À moins d’être de ceux qui pensent que la norme dans les pays africains serait qu’ils soient en permanence en guerre ! Au contraire, un si long pouvoir, facteur d’immobilisme et de routine, n’est-il pas justement la plus grave menace à la paix dans l’Afrique actuelle ? OBO, « grand homme politique » ? Et si la politique dans une Afrique dite pauvre signifiait : « art de développer son pays » ? Alors le choix de l’alternance serait un bon critère d’appréciation de la grandeur d’un homme politique.

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Celestin Kamga, Yaoundé, Cameroun

Le dilemme de « Jeune Afrique »

– En tant que lectrice assidue depuis de très nombreuses années, appréciant fortement la qualité et l’intégrité de vos articles, je me permets d’exprimer une certaine surprise et frustration devant une forme de parti pris qui est le vôtre : celui de favoriser l’information nord-africaine d’abord, et celle des pays d’Afrique francophone ensuite. Pour moi, un magazine qui s’appelle Jeune Afrique ne peut se limiter à une partie de l’Afrique. De plus, avec la globalisation et l’interdépendance croissante entre tous les pays, on ne peut ignorer toute une partie de cette Afrique déjà si mal servie en matière d’information. Si vous prétendez ne vous adresser qu’aux francophones, sachez que ces mêmes francophones s’intéressent à toute l’Afrique. Sachez aussi que les pays non officiellement francophones comptent de nombreux francophones et francophiles qui aimeraient lire davantage d’articles sur les pays où ils vivent.

En tant que fonctionnaire du Pnud à la retraite, dont les dernières années ont été passées au Mozambique comme représentante du Pnud et coordonnatrice du système des Nations unies pour ce pays, je m’étonne par exemple de l’absence totale d’information sur ce pays, qui peut servir souvent d’exemple à nombre de ses pairs.

Je m’interroge aussi sur les critères que vous utilisez pour sélectionner les pays couverts par vos Guide Ecofinance, ou vos articles des « Plus » de chaque numéro.

Une explication de votre part serait la bienvenue. Un changement d’approche me ravirait certainement davantage !

Marylene Spezzati, Maputo, Mozambique

Réponse :

Soyons honnête : votre frustration est d’autant plus compréhensible qu’elle rejoint… la nôtre !

J.A. n’aura jamais assez de pages en effet pour couvrir chaque semaine l’actualité de l’ensemble du continent, dont celle du pays où vous résidez. Une carence, assurément, à laquelle nous nous efforçons de remédier, mais en aucun cas une volonté de « prendre parti » pour une région (ou une communauté linguistique) par rapport à une autre.

Simplement, les contraintes de pagination nous obligent à faire des choix parfois douloureux en fonction des zones où J.A. est le plus diffusé et donc le plus lu. Ce critère vaut également pour les « Plus » et les Guide Ecofinance. C’est bien parce que nous sommes conscients de ce problème quasi insoluble que le groupe Jeune Afrique a lancé il y a un peu plus de quatre ans le périodique The Africa Report, essentiellement axé sur l’Afrique anglophone et que je vous invite à découvrir – si ce n’est déjà fait.

François Soudan

Soka Gakkai, une organisation pour la paix

– Je suis une fidèle lectrice de J.A. et, concernant l’article « Sectes : OPA sur l’Afrique », j’aimerais faire quelques précisions à propos de la Soka Gakkai International (SGI) et de son président, Daisaku Ikeda, vu que j’appartiens à la SGI depuis plus de vingt ans.

La SGI, qui regroupe toutes les organisations Soka des pays autres que le Japon, n’a aucun rapport avec la politique. Il n’y a qu’au Japon, pour des raisons propres au moment historique et au pays, que la Soka Gakkai entretient des liens avec un parti politique. Dans tous les autres pays, la Soka Gakkai ne se mêle pas de politique et ses membres sont invités à ne pas discuter de ce sujet au cours de leurs réunions, vu qu’ils sont de toutes les couleurs politiques.

Sensei Daisaku Ikeda est reconnu dans tout le monde comme une personne qui a travaillé et travaille encore pour la paix, la culture et l’éducation. Il a reçu quelques centaines de distinctions, dont environ deux cent quarante d’universités et d’institutions culturelles.

Giuliana Giunta, Tinja, Tunisie

Esprit critique

– Je suis étudiant et fidèle lecteur de J.A. Il n’y a pas un numéro qui passe sans que je ne sache ce qu’il y a dedans. Je voulais dire que j’affectionne particulièrement les opinions diverses et les éditoriaux de votre journal, qui me permettent de mieux comprendre les enjeux africains et, en même temps, de me forger un esprit critique sur tous les sujets d’actualité.

Moussa Gaye, Nouakchott, Mauritanie 

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