L’Afrique du Sud donne le « la »

2010, année de tous les espoirs pour la musique sud-africaine ? Ce sentiment général a prévalu pendant le Moshito, seul salon professionnel du secteur musical organisé en Afrique, à Johannesburg.

Publié le 15 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

« We want more ! » À la fin du concert de Thandiswa, le samedi 5 septembre, le public hurle son enthousiasme. Il veut écouter encore et encore la chanteuse qui vient de mettre le feu au Bassline (Johannesburg) avec Ibokwe (Gallo), son nouvel album. Voix féminine du groupe Bongo Maffin, fer de lance du kwaito, le son dansant éclectique et synthétique favori de la jeunesse des villes sud-africaines, Thandiswa participe à la soirée de clôture de la 6e édition du Moshito. Ce salon-marché de la filière musicale est le seul événement professionnel d’envergure organisé sur le continent.

Thandiswa incarne la vivacité et l’ouverture de la nouvelle scène sud-africaine. La veille, au Museum Africa, où s’est installé le Moshito, la chanteuse émettait quelques réserves quant aux promesses des autorités, qui se sont engagées à favoriser le développement du marché de la musique sud-africaine. Même si la Coupe du monde de football de 2010 et la présence de l’Afrique du Sud, invitée d’honneur, au prochain Marché international du disque et de l’édition musicale (Midem, à Cannes, du 24 au 27 janvier 2010) peuvent permettre de promouvoir les artistes du pays à l’international, la chanteuse attend plus, elle aussi. « We want more !, dit-elle. Beaucoup de choses sont mises en avant depuis la libération, mais, de manière générale, l’évolution est un peu lente. » La promotion de la culture sud-africaine est un combat qui est loin d’être gagné.

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« La musique est un instrument essentiel pour faire évoluer une société. Le gouvernement en est conscient, mais il n’a pas de vrai programme à long terme quant à la direction à suivre », ajoute en écho le guitariste Ray Phiri, qui s’apprête aujourd’hui à sortir un nouvel album après quatorze années de silence.

Parmi les participants au Moshito, il y avait cette année plusieurs producteurs invités par Culturesfrance et l’Organisation internationale de la francophonie. Notamment le Ghanéen Panji Anoff (Pidgen Music), les Sénégalais Safouane Pindra (Optimiste Produktions) et Luc Mayitoukou (Zhu Culture), le Mauricien Percy Yip Tong (Cyper Produktion)… Tous présents dans le cadre du programme Équation Musique, qui vise à développer les rapports Sud-Sud chez les opérateurs de la filière et à dépasser le clivage francophones-anglophones.

Environnement porteur

« On sent ici un environnement potentiellement porteur, avec des moyens de promotion, de diffusion, de production que beaucoup de pays africains n’ont pas », déclare Rémi Sagna, responsable de la division de la diversité culturelle à l’OIF. Et il insiste sur l’importance d’un marché tel que le Moshito pour inventer ou consolider la coopération entre les acteurs du secteur, à travers des échanges d’artistes ou l’organisation de résidences croisées.

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Loin de l’effervescence du Moshito, dans un hôtel chic, un monsieur d’importance savoure un thé et des pâtisseries. Le trompettiste Hugh Masekela, 70 ans, figure historique de la musique sud-africaine et de la lutte antiapartheid, dont le nouveau disque, Phola (World Connection/Pias), sort fin octobre en France, semble peu concerné par toute cette agitation. « Le Moshito ? Ils m’ont invité à participer à une conférence. Le sujet était tellement abscons qu’il m’aurait fallu un dictionnaire pour comprendre ce qu’ils voulaient que je raconte. »

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