3 questions à…Marie Ndiaye

Publiée à 17 ans aux Éditions de Minuit, Marie NDiaye est née à Pithiviers en 1967. Prix Femina en 2001, elle est aujourd’hui une figure incontournable des lettres françaises.

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Publié le 15 septembre 2009 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Quel est votre sentiment vis-à-vis de vos origines africaines ?

Marie NDiaye : Je regrette depuis toujours de ne pas avoir de double culture alors que j’étais dans une situation idéale pour l’avoir. Je n’ai pas eu une enfance africaine, je ne l’aurai jamais. À 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture. Aujourd’hui, j’ai plutôt conscience de ce que c’est que de ne pas en avoir – de ce que représente un métissage tronqué dont on n’a que les apparences.

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Les personnages de votre roman vivent une situation de déséquilibre, entre la France et l’Afrique. Est-ce un choix délibéré ?

Oui, j’avais envie de travailler sur la notion d’exil. Même le personnage de l’homme n’est plus chez lui, et son vrai chez lui, c’est peut-être l’Afrique. Mais je n’aurais pas écrit la même chose s’il s’était agi de la France et des États-Unis. Le déséquilibre économique, la notion de différence entre le Nord et le Sud ont leur importance. J’aurais pu choisir une autre région, mais avec ce même écart de niveau de vie.

Dans votre livre, le passé rattrape les personnages. Peut-on y voir un parallèle avec la question de la colonisation, qui reste présente dans le quotidien africain ?

Là-bas, mais aussi aux Antilles, j’ai l’impression que le passé reste très présent entre Blancs et Noirs. Je sens que jamais on ne l’oublie. La moindre attitude un peu condescendante et déplaisante rappelle une attitude du passé. Je ne sens pas ce poids quand je suis avec des Africains, alors que je le sens quand je suis avec Claire Denis [Marie NDiaye a écrit le scénario de son prochain film, White Material, qui se déroule en Afrique, NDLR], alors que la vraie Blanche, c’est moi ! Claire a vécu en Afrique, mais sa blondeur aggrave les choses : elle reste un étranger absolu et ambigu duquel on peut attendre un mot inapproprié. Ce n’est pas propre à l’Afrique, mais aux anciennes colonies.

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