3 questions à…Camille Sari
Consultant en commerce international et finance
Jeune Afrique : L’Algérie est 136e et perd deux places dans le classement « Doing Business ». Êtes-vous surpris ?
Camille Sari : Absolument pas. L’environnement des affaires ne s’est pas amélioré. Ce n’est donc pas étonnant si le pays recule. Prenons l’exemple des mesures qui viennent d’être adoptées pour limiter l’accès au crédit. On peut comprendre la volonté de l’État de vouloir freiner ainsi l’envolée des importations, qui alimente cette sorte d’orgie de consommation. Mais lorsqu’un problème de cette nature survient, les autorités sont prises de court et réagissent toujours à chaud et sans concertation sur les événements, car elles ne disposent pas d’outils d’anticipation et d’analyse comme au Maroc, avec le commissariat au Plan.
La relation entre l’Algérie et les investisseurs étrangers n’est pas au beau fixe. Pourquoi ?
Ce n’est pas parce que des investisseurs arabes sont venus en injectant 1 milliard de dollars et ont rapatrié 10 milliards de bénéfices dans leur pays que l’État algérien doit réagir, là encore, par un coup de sang et décider brutalement de fermer la porte aux investisseurs étrangers qu’il avait tout fait pour attirer. On ne punit pas toute une classe parce qu’il y a un mauvais élève. Investir à l’étranger n’est pas une décision simple, il faut des garanties. On ne change pas les règles du jeu de manière arbitraire.
Comment améliorer l’environnement algérien des affaires ?
L’économie algérienne doit d’abord être plus compétitive. Et le pays doit créer les conditions pour accueillir des investisseurs qui produisent localement et réexportent leurs produits pour que la balance des devises du pays soit positive. Il faudrait aussi créer des zones industrielles pour régler le problème du foncier et favoriser les investissements. Au Maroc, des terrains sont loués à 1 euro le mètre carré. Le pays a compris que l’objectif n’est pas de gagner sur le foncier mais dans la création de richesses, de recettes et d’emplois.
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