Arctic Sea, barbouzeries en haute mer

Le cargo arraisonné par des pirates le 23 juillet dans la Baltique, puis récupéré par les Russes le 17 août, transportait sans doute des missiles destinés à l’Iran.

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 15 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le 17 juillet, l’Arctic Sea, un vraquier battant pavillon maltais mais appartenant à la compagnie finlandaise Solchart Management, que dirige un ressortissant russe, quitte le port Svetlyy, en Russie, fait brièvement escale dans l’enclave de Kaliningrad, plaque tournante de tous les trafics, avant d’appareiller pour le port finlandais de Pietarsaari. Six jours plus tard, il en repart avec 6 700 m3 de bois de construction. Destination : le port algérien de Béjaïa. À son bord, quinze marins, tous de nationalité russe.

Le 24 juillet, le navire est arraisonné en pleine mer par de mystérieux pirates déguisés en policiers suédois. Au cours de la semaine suivante, il gagne la mer du Nord, puis la Manche, puis l’océan Atlantique, signale sa position à trois reprises avant de s’évaporer. Interpol lance un avis de recherche. Le président Dmitri Medvedev prend personnellement l’affaire en main. L’Otan est appelée à la rescousse tandis qu’une armada russe met le cap sur l’Atlantique. Le 15 août, l’Arctic Sea est repéré au nord des îles du Cap-Vert par un avion militaire français. Deux jours plus tard, il est abordé par une frégate russe. Les huit pirates se rendent sans opposer de résistance. Tandis que le vraquier est remorqué jusqu’au port de Novorossiisk, sur la mer Noire, ils sont promptement rapatriés à Moscou et incarcérés. Les membres d’équipage sont longuement interrogés, puis libérés avec interdiction absolue de parler à qui que ce soit. Secret-défense.

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Bien entendu, aucun spécialiste ne croit une seconde à cette rocambo­lesque histoire. Il ne fait guère de doute que l’Arctic Sea ne transportait pas que du bois. Quoi d’autre ? Sans doute des missiles S-300 embarqués à Kaliningrad et destinés à la République islamique d’Iran, pour permettre à cette dernière de contrer une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires. L’opération aurait été commanditée, dans un but lucratif, par l’un des clans militaro-mafieux qui pullulent dans les services de sécurité russes. Le navire aurait en réalité été arraisonné dans la Baltique par des membres d’un service occidental, Mossad ou autre, qui aurait photographié les missiles et fait parvenir les clichés à Moscou, à titre de preuve. Les Russes auraient alors monté de toutes pièces la comédie de l’abordage de l’Arctic Sea au large du Cap-Vert, avec, dans les rôles principaux, une escouade de faux pirates lettons tatoués jusqu’aux oreilles…

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