And the loser is…
Échec sur toute la ligne. Les talibans ne cessent de gagner du terrain et multiplient les attentats jusque dans Kaboul. Les forces de la coalition occidentale subissent des pertes croissantes (plus de trois cents morts depuis le début de l’année) et, malgré leur objectif d’épargner les civils, continuent de commettre des bavures. Celle de Kunduz, le 4 septembre (voir ci-dessus), conduit les Allemands, qui en sont les auteurs, à s’interroger sur le bien-fondé de leur participation à la coalition. Et maintenant, c’est l’élection présidentielle du 20 août qui tourne à la farce.
Hamid Karzaï, le chef de l’État sortant, et Abdullah Abdullah, son ancien ministre des Affaires étrangères, revendiquent l’un et l’autre la victoire. Dès le soir du scrutin, ce dernier dénonçait des fraudes massives, notamment dans le sud du pays, fief de son rival pachtoune.
Les résultats seront-ils proclamés le 17 septembre, comme prévu ? Y aura-t-il un second tour en octobre si Karzaï ne dépasse pas la barre des 50 % ? Ce scénario n’est pas exclu, compte tenu de l’ampleur de la fraude : bourrage d’urnes, centaines de bureaux de vote fictifs… Le 6 septembre, la Commission électorale afghane (IEC), présidée par un juriste nommé par Karzaï, avait évoqué la possibilité d’annuler 400 000 bulletins suspects avant de se rétracter, dès le lendemain. Elle n’en a finalement annulé que 200 000, avant de proclamer des résultats partiels portant sur 91 % des bulletins : Karzaï (54 %) devancerait nettement Abdullah (28 %). De son côté, la Commission des plaintes électorales (ECC), un organisme indépendant présidé par le Canadien Grant Kippen, a ordonné de recompter les bulletins chaque fois qu’une urne en contenait plus de six cents, et chaque fois que l’un des candidats avait recueilli plus de 95 % des suffrages.
Dès le 23 août, Richard Holbrooke, l’émissaire des États-Unis dans la région, avait tenté de convaincre Karzaï d’accepter un second tour. En vain : l’ancien protégé des Américains ne veut plus passer pour leur marionnette – l’un des griefs qui lui est le plus souvent fait, avec la corruption et l’inefficacité de son gouvernement – et rejette ce qu’il considère comme une manœuvre destinée à lui faire accepter la création d’un poste de vice-président, ce qui limiterait ses pouvoirs.
Qu’importe désormais que sa victoire (dans tous les cas très probable) soit proclamée maintenant ou à l’issue d’un second tour. On connaît déjà le nom du perdant : la coalition occidentale, qui a échoué à assurer la transparence d’un scrutin qu’elle souhaitait sinon exemplaire, du moins convenable.
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