Monsieur Netanyahou, rendez service à Israël : virez Lieberman !

Dans une tribune publiée par Haaretz, Aluf Benn dénonce la rigidité du ministre israélien des Affaires étrangères. Et s’alarme de ses effets catastrophiques sur l’image de l’État hébreu.

Publié le 15 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Benyamin Netanyahou a une tâche d’intérêt national à accomplir : se débarrasser de son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman. Les dommages que ce dernier a causés au pays et ses mauvaises relations avec ses homologues étrangers vont s’aggravant. C’est une farce comparable à celle d’Amir Peretz au poste de ministre de la Défense. Netanyahou doit se ressaisir et mettre un terme à cette situation.

En août, Lieberman a donné un show quotidien, rudoyant les Suédois, cognant sur les Norvégiens, écartant de son ministère Arabes et haredim [juifs ultra­orthodoxes], torpillant l’action diplomatique menée par le Premier ministre, le faisant ainsi apparaître comme un guignol, exigeant de ses émissaires qu’ils s’alignent sur la ligne officielle dictée d’en haut… ou qu’ils se démettent. Qui sait quelle sera sa prochaine lubie !

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Il ne fait aucun doute que Lieberman est un communicateur doué qui sait s’y prendre avec les médias. C’est son droit le plus strict d’avoir des positions de droite et de penser que le processus de paix est une dangereuse folie. De même est-il fondé à clamer sa fidélité à ses slogans de campagne, qui permirent à son parti, Israël Beiteinou, de rafler quinze sièges à la Knesset. Le problème n’est pas son droit à la liberté d’expression, que personne ne remet en question, mais son comportement comme ministre des Affaires étrangères. Car les titulaires de ce poste ont une double mission : servir les intérêts nationaux à travers des échanges diplomatiques avec les autres pays et relayer les positions de la communauté internationale auprès de leur gouvernement afin qu’il en tienne compte dans ses prises de décision. Dans la salle où se décident la guerre et la paix, on attend d’un chef de la diplomatie qu’il s’exprime comme un homme d’État, tout comme on attend d’un ministre de la Défense qu’il présente les différentes options militaires. Or Lieberman n’est pas en mesure de remplir son double rôle. À cela une raison bien simple : l’ostracisme dont le monde l’a frappé. L’Égypte ne lui a pas pardonné d’avoir insulté son président, et les pays arabes l’ignorent superbement. Les Européens et les Américains qui l’ont rencontré n’ont eu d’autre choix que d’en faire autant. Le président français, ­Nicolas Sarkozy, a même demandé à Netanyahou de le remplacer. Quant aux Russes, dont Lieberman a cru qu’ils seraient des alliés empressés, ils l’ont reçu à Moscou en même temps qu’ils accueillaient… Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas.

Dans ces conditions, le ministre des ­Affaires étrangères est neutralisé. Sans interlocuteurs, il n’existe pas. Il a certes effectué une tournée en Amé­rique du Sud et en Afrique, mais pour y traiter de sujets d’importance relative. Du coup, sa contribution dans les décisions stratégiques du gouvernement est extrêmement réduite, voire nulle. Quelle sorte d’arguments peut-il du reste lui présenter ? Des notes prises sur une plage ­brésilienne ? Les confi­dences de certains ministres selon lesquelles ­Lieberman s’exprime de manière policée ajoute au ridicule. À quoi s’attendaient-ils ? À ce qu’il jure en russe en agitant une batte de base-ball ?

Ses prédécesseurs ont tous affronté les Premiers ministres pour marquer de leur empreinte la diplomatie israélienne ; lui a abandonné avant même d’avoir commencé. Il préfère user de formes grossières de ­relations publiques centrées sur le cliché selon ­lequel les Européens sont antisémites et que, partant, ils ne sont pas fondés moralement à juger l’action d’Israël. Où cela l’a-t-il mené ? L’État hébreu en a-t-il retiré un bénéfice sur le plan international ? ou est-il la risée de ses ennemis, qui marquent ainsi des points à ­moindres frais ? 

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