Déluge sur l’Afrique de l’Ouest

Des pluies torrentielles ont fait des centaines de milliers de victimes. Le Burkina, avec 160 000 sans-logis, est l’un des pays les plus touchés.

Publié le 14 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le bilan est lourd : 159 morts, dont 103 en Sierra Leone, près de 600 000 personnes sans abri et des risques sanitaires importants. La Fédération internationale de la Croix-Rouge a annoncé le déblocage de 650 000 euros pour les victimes. Les appels à l’aide se multiplient, pendant que la solidarité s’organise sur place. La France a promis 100 000 euros au gouvernement du Burkina, qui fait face à une crise majeure. Après les pluies du 1er septembre, Ouagadougou était méconnaissable : véhicules renversés ou encastrés dans des ponts submergés, habitations effondrées, Ouagalais hagards voguant sur des embarcations de fortune en plein centre-ville. Il est tombé 270 mm de pluie en moins de 12 heures. Du jamais vu depuis 1919, quand la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, s’est retrouvée noyée sous 219 mm d’eau.

Le déluge a surpris les Ouagalais dans leur sommeil. Des habitants impuissants, même si, la veille, sur la Radio Télévision du Burkina, la météorologie nationale avait laconiquement évoqué la « survenue d’orages ». « Même si nous sommes en pleine saison des pluies, personne n’aurait pu imaginer un tel chaos », explique une habitante.

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L’eau s’est infiltrée dans les recoins, habitations, bâtiments publics, notamment autour des trois barrages de la ville. L’hôpital central Yalgado a été dévasté. Tout comme la forêt classée Bangr-weogo. « Quatre des douze ponts de la capitale sont impraticables », souligne Job Ouédraogo, directeur de cabinet du maire de la ville, Simon Compaoré.

Dans une agglomération où les habitations sont de plain-pied, les conséquences sont désastreuses. 160 000 personnes sont privées de toit. « 62 % des sinistrés vivaient dans des parcelles non loties », souligne le porte-parole du gouvernement, Filippe Savadogo. Une semaine après ces intempéries, des maisons situées dans les quartiers populaires comme Baskuy ou Boulmiougou continuaient de s’affaisser. Entre les destructions d’infrastructures et l’aide apportée aux sans-abri, le coût est évalué à plus de 70 milliards de F CFA (plus de 106 millions d’euros). 

Gestion urbaine laxiste

À situation exceptionnelle, solidarité et mesures exceptionnelles. Le 7 septembre, Blaise Compaoré en a appelé à la solidarité nationale en créant un fonds destiné à recevoir des dons. 800 millions sous forme de chèques et 20 millions en espèces y ont déjà été déposés. Les ministres ont offert un mois de leur salaire, soit près de 24 millions de F CFA (36 000 euros). Quant aux 111 députés du pays, ils ont offert chacun 150 000 F CFA (228 euros).

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Cette mobilisation n’a pas empêché les critiques. Après les émeutes de la vie chère et les contestations estudiantines, le gouvernement est accusé de laxisme dans la gestion urbaine. « L’heure n’est pas aux polémiques mais aux secours, dit le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Vincent Dabilgou. Ces événements nous amèneront de toute façon à être encore plus rigoureux dans le plan d’occupation des sols. »

Le 1er septembre est, selon l’ambassadeur de l’Union européenne à Ouagadougou, un « cas pratique » des conséquences du réchauffement climatique sur un pays sahélien.

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