Bercy exige « toute la lumière »
Depuis trente-sept ans et la signature de la convention de coopération monétaire entre Paris et les capitales de l’ex-AEF, la France participe directement à la gestion et au contrôle de la Beac. 95 % des réserves de change de la Banque (estimées actuellement à près de 1 milliard d’euros) sont en effet logées sur un compte d’opérations spécial du Trésor français. C’est dire si les multiples dérapages constatés au sein du bureau extérieur de Paris n’ont échappé ni au ministère de l’Économie (Bercy) ni aux deux représentants français au sein du conseil d’administration de la Beac.
À preuve, cette lettre du 7 août 2009 que l’un des deux directeurs à la Direction générale du trésor et de la politique économique (DGTPE), Benoît Coeuré, a adressée au président du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale, le ministre des Finances du Cameroun Essimi Menye. Après avoir relevé « l’existence de détournements de fonds importants, remontant à plusieurs années mais ayant continué jusqu’en 2008 » au sein du BEP, Benoît Coeuré insiste pour que « les auditions des principaux responsables de l’époque » par le comité d’audit « aient bien lieu » et pour que « les administrateurs de la Banque puissent être informés de leur issue » – cela sans préjudice des « procédures judiciaires en cours » –, le tout dans un souci de « transparence ». Le message est clair : estimant sa propre garantie engagée par le scandale, le Trésor français veut que toutes les responsabilités, y compris en plus haut lieu, soient établies.
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