La colère de Fowler
« Je sais que quelqu’un m’a vendu. Ce pourrait être le gouvernement du Niger ou un sympathisant d’Al-Qaïda travaillant pour un bureau des Nations unies en Afrique ou à New York. »
Capturé le 14 décembre 2008 et retenu en otage pendant quatre mois par l’organisation terroriste, Robert Fowler, l’ex-envoyé spécial des Nations unies pour le Niger, estime que son rapt n’avait rien de fortuit.
S’exprimant le 8 septembre sur CBC, une station de radio canadienne, il a enfoncé le clou : « Le gouvernement du Niger haïssait ma mission. » Chargé d’une mission de bons offices par le secrétaire général de l’ONU, Fowler devait nouer les fils du dialogue entre le pouvoir central de Niamey et les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), une organisation de Touaregs qui réclame une meilleure répartition des ressources issues de l’uranium et de l’or exploités dans le nord du pays.
Il a été capturé avec Louis Guay, son assistant, alors qu’il venait de visiter une mine d’or concédée à une société canadienne, située dans une zone réputée « sûre », à 40 km de Niamey. Les deux diplomates, qui se déplaçaient sans protection, ont été interceptés par des hommes armés de fusils-mitrailleurs AK-47, qui les ont cachés sous des couvertures et enfermés dans le coffre d’une camionnette pour les transporter jusqu’au Mali.
Fowler est d’autant plus convaincu qu’il a été « vendu » que, à l’entendre, ses ravisseurs ne lui ont pas semblé surpris quand il a les a informés de sa qualité de représentant de l’ONU. « L’endroit où nous avons été enlevés, près du fleuve Niger, est un site bien connu où les diplomates font régulièrement des pique-niques. Ce n’était pas considéré comme quelque peu sécuritaire. C’était sécuritaire », insiste-t-il.
Face à ces accusations, Mohamed Ben Omar, le ministre nigérien de la Communication, affirme que le gouvernement de son pays ignorait tout du déplacement de l’émissaire onusien. Et que ce dernier n’avait pris le soin d’en informer ni les autorités nigériennes ni la représentation locale des Nations unies. De source officielle à Niamey, Fowler et son assistant ont été « donnés » aux activistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) par un groupe de rebelles touaregs.
Libéré le 22 avril 2009 à la faveur de négociations entre le gouvernement canadien et l’AQMI, Robert Fowler est sorti affecté de l’épreuve. Lors du trajet qui le menait au Mali, il a été victime d’une fracture vertébrale par compression.
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