Drôle de retraite
C’était en juin 2009. À 54 ans, le Premier ministre éthiopien Mélès Zenawi surprenait ses compatriotes en annonçant son intention de prendre sa retraite en 2010. « Mon point de vue personnel, c’est que… j’en ai assez », déclarait-il alors. Étonnant, pour un homme politique au pouvoir depuis 1991, proche allié de l’administration américaine et critiqué pour ses dérives autocratiques.
En 2005, les manifestations qui avaient suivi les élections législatives (controversées) ont en effet coûté la vie à plus de cent cinquante personnes, et la principale opposante à Zenawi, Birtukan Mideksa (présidente de l’Unité pour la démocratie et la justice), est toujours sous les verrous. Quant à la presse, elle n’a guère voix au chapitre.
À peine trois mois après son annonce, le Premier ministre va devoir remettre à plus tard ses projets de retraite. En effet, réuni en congrès, son propre parti, le Front populaire démocratique révolutionnaire (EPRDF), lui a officiellement demandé, le 8 septembre, de rester cinq années de plus. Pour l’EPRDF, « Mélès joue un rôle majeur pour le développement de l’Éthiopie. » Bien entendu, son esprit de sacrifice l’empêche de refuser une telle supplique… Il restera donc encore un peu.
Pour l’opposition, il n’y a là rien de surprenant. Zenawi, qui n’a sans doute jamais songé à s’effacer, cherchait seulement à endosser un costume de démocrate pour faire taire les critiques. Les prochaines élections législatives ont lieu en juin 2010. D’ici là, le Premier ministre s’exprimera au nom de l’Afrique au sommet de Copenhague sur le changement climatique, en décembre. Sa retraite, ce sera au mieux pour 2015, après vingt-quatre ans de pouvoir…
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