De l’esclavage à la liberté
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Je reviens sur le très intéressant dossier consacré à « La longue marche des Africains-Américains » (J.A. n° 2534), et notamment sur le discours de Barack Obama à l’occasion du 100e anniversaire de l’Association nationale pour l’avancement des peuples de couleur, plus connue sous son acronyme anglais NAACP, dont vous avez publié quelques extraits.
Il ressort des interventions majeures du président états-unien, depuis sa campagne jusqu’à maintenant, en passant par Le Caire et Accra, une valeur testamentaire, voire messianique, qui leur confère une portée universelle. Les Africains d’aujourd’hui peuvent tout aussi bien se retrouver dans sa description des souffrances de leurs frères de la diaspora, que s’approprier ses recommandations pour franchir les étapes du « chemin menant de l’esclavage à la liberté ». À la différence, de taille, que les Africains n’ont plus, ouvertement, comme oppresseurs les hérauts d’une race dite supérieure, mais, à quelques exceptions près, leurs propres frères.
Alors que certains pensaient qu’il n’y avait plus « ni Dieu ni maître », l’on constate presque partout que les Africains au sud du Sahara, sous la férule de leurs maîtres locaux, se réfugient de plus en plus en Dieu. Il se construit plus d’églises, de chapelles et de temples, qui côtoient autant de « maquis, circuits ou nganda » (bars-restaurants) et de bordels drive-in, qu’il ne se construit d’écoles ou d’hôpitaux. Ce faisant, nous programmons une nouvelle ère d’assujettissement face à ceux qui opèrent la révolution du savoir. Les Blancs n’ont plus besoin d’envoyer de négriers sur nos côtes puisque nos jeunes débarquent eux-mêmes par milliers sur les côtes de Sicile ou d’ailleurs, offrant encore leurs bras pour cueillir non plus du coton, mais des fraises et des tomates, quand on n’y met pas des menottes. Pour ce qui est des cerveaux musclés, les Blancs choisissent eux-mêmes le grammage et la texture. Le porte-parole d’un candidat à la présidentielle du Gabon faisait remarquer sur une chaîne de télévision panafricaine, le 15 juillet, qu’il n’y a même pas dans ce pays une école de formation aux métiers de l’agriculture qui délivre un diplôme du niveau CAP ! Ce gouffre abyssal du système éducatif est-il unique ? Les Africains d’aujourd’hui et de demain ne sont et ne seront-ils pas que des esprits saints dans des corps malades ?
Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire
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