Courrier des lecteurs

Publié le 10 septembre 2009 Lecture : 5 minutes.

Réaction d’un trader

– Je suis un fidèle lecteur de J.A. et je vous félicite pour votre travail et la qualité de vos articles. Je souhaiterais toutefois réagir à l’article « Les banques n’ont-elles rien compris ? » (J.A. n° 2536-2537). D’abord, ce que les journalistes appellent « l’aide de l’État » est en réalité un prêt consenti par l’État, au taux de 7,65 % la première année, et augmentant de 0,25 % tous les ans. D’où vient cet argent ? L’État l’emprunte à son tour dans les marchés à un taux inférieur à 4 %. Ce qui signifie trois choses. Un, ce n’est pas l’argent du contribuable. Deux, c’est un taux relativement élevé. Trois, c’est une opération financièrement bénéfique pour l’État et donc pour le contribuable, à condition que la banque renoue avec les bénéfices et puisse donc rembourser le prêt. Or, c’est exactement ce qui est en train de se passer. La phrase « La banque a en effet bénéficié d’une aide de l’État de 5,1 milliards […], somme qu’elle n’a toujours pas remboursée en dépit d’un bénéfice de 3,2 milliards au premier trimestre » me semble trompeuse. La banque remboursera à la date prévue dans le contrat. Ce qui est tout à fait normal.

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Pour ce qui concerne la rémunération des traders, je consens qu’il y a là un vrai problème. Le problème ne vient pas du montant des bonus (regardez les revenus des acteurs, des footballeurs, etc.), mais de leurs critères d’attribution. Ces critères sont liés aux performances à court terme, ce qui encourage certains traders à prendre des risques démesurés, au détriment de leur banque, et à accroître aussi la volatilité des marchés, au détriment des acteurs économiques obligés de se couvrir contre ces risques, à des prix élevés. Une réflexion est en cours pour améliorer ces critères.

Mais cela prendra du temps, concurrence entre banques oblige, comme l’auteur l’a bien souligné dans l’article.

Seyf Ismail, trader, Paris, France

Dépendants du nucléaire

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– Et voilà que l’Occident, pour se faire de l’argent sur le dos des autres peuples, veut vendre de nouvelles centrales nucléaires. Dans ce but, on affirme que le nucléaire c’est l’énergie de l’avenir et qu’il résoudra les problèmes climatiques engendrés par l’utilisation des énergies fossiles. Mais c’est oublier – ou plutôt dissimuler – le fait que les réserves d’uranium sont limitées et bien moindres que les réserves en énergies fossiles. Si l’on se mettait sérieusement à remplacer le mazout et le gaz par l’atome, les réserves d’uranium seraient épuisées en quelques années.

Et n’oublions pas non plus que le problème des déchets nucléaires, toxiques, durant des dizaines de milliers d’années, n’a pas trouvé de solution, malgré des décennies de recherches. Alors, l’Afrique, une future poubelle pour les déchets radioactifs ?

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Comme le souligne l’auteur de l’article « Demain, un Maghreb nucléaire » (J.A. n° 2536-2537), le nucléaire constitue une dépendance de plus pour les pays qui se lanceraient dans cette filière. Alors qu’en développant les énergies renouvelables – l’éolien et le solaire –, les pays concernés non seulement resteraient indépendants, mais pourraient être exportateurs d’énergie ! Le nucléaire : une bien mauvaise idée.

Lucien Keller, Lavigny, Suisse

Qui veut gagner des millions ?

– Je tiens à féliciter Marwane Ben Yahmed pour son éditorial du J.A. n° 2535 qui s’offre à lire comme une « plaidoirie » pertinente en faveur de la dignité et d’une véritable aide au développement de l’Afrique. Alain Joyandet a élaboré un plan d’aide au développement du « continent noir » basé sur un jeu de hasard (comme le loto, le tac au tac…).

Alors que c’est l’heure du règne de Barack Obama et de la remise en cause, dans beaucoup de pays du monde, de toutes les politiques de discrimination raciale, ce projet d’aide hasardeux n’est-il pas conçu, tout simplement, pour véhiculer auprès de l’opinion publique française une image négative des Africains – ces éternels « malades sous perfusion » qui n’attendent que la charité ?

Dans les prochains jours, le secrétaire d’État français à la Coopération ne va-t-il pas demander aux chefs d’État africains, au lieu de la bonne gouvernance et du respect de la démocratie, de participer, pour répondre aux attentes économiques de leurs peuples, à la célèbre émission télévisée « Qui veut gagner des millions ? ».

Patrick Tchicayat, Paris, France

Ali Bongo : le pouvoir pour le pouvoir ?

– Dans l’interview d’Ali Bongo Ondimba (J.A. n° 2536-2537), le journaliste a posé des questions justes. Pertinentes. L’interviewé, lui, semblait éprouver toutes les peines du monde à expliquer à son peuple le pourquoi de sa candidature à cette lourde charge. Congolais de Kinshasa, je croyais lire les propos « nombrilistes » d’un politicien de mon pays. J’ai en effet cherché en vain le moindre détail sur le projet politique ou, mieux, le « rêve d’avenir » que le fils Bongo propose à ses concitoyens. Sans verser dans la caricature, j’ai noté que celui-ci se dit capable de diriger l’État gabonais car il a, dit-il, bien géré le ministère de la Défense. J’ai noté également qu’il a attrapé « le virus de la politique » à côté de son défunt père. C’est tout ?

Que conclure sinon que, autant les autres prétendants à la magistrature suprême gabonaise brandissent « un programme un peu court », dixit « Ali » (à savoir : « Tout sauf Ali »), autant le candidat du Parti démocratique gabonais semble participer à une course au pouvoir… pour le pouvoir. Et non pour servir. La tentation est donc forte de conclure qu’Ali veut le pouvoir simplement parce qu’il porte le patronyme « Bongo ». Réducteur ? Aux Gabonais d’en juger.

Baudouin Amba Wetshi, journaliste indépendant, Kinshasa, RD Congo

Les dindons de la farce

– Le président Kabila s’est récemment lancé dans une opération anticorruption. Nous l’en félicitons et nous en réjouissons vivement. Mais pour spectaculaire qu’elle puisse être, celle-ci semble actuellement se focaliser sur l’administration publique et donne l’impression d’une justice à deux vitesses. La population, qui est tout sauf amnésique, attend le chef de l’État au tournant. Elle attend le jour où les barons du régime, les officiers généraux, les différents gestionnaires des entreprises publiques qui se sont enrichis à vitesse grand V justifient leur soudaine fortune. Il est vrai qu’en RD Congo, l’enrichissement injustifié est pratiquement un sport national. Mais nous, les populations, nous ne voulons pas être encore les dindons de la farce. Depuis l’indépendance, les différents gouvernements ont été plus préoccupés par leurs ventres que par le bien-être de leurs populations. La corruption et la mal-gouvernance sont les deux mamelles du sous-développement. 

Marhegane Xavier, Muanda, RD Congo

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