Musique : entre Lisbonne et Praia

Inspirée par le gospel, la jeune chanteuse d’origine cap-verdienne Sara Tavares confirme son originalité avec un album intimiste au swing sensuel.

Publié le 10 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Pour qui s’attend à une morna mélancolique ou à une guillerette coladera, les principaux styles de la palette musicale cap-verdienne popularisés par Cesaria Evora, il peut y avoir malentendu. Xinti, l’élégant nouvel album de la chanteuse et guitariste Sara Tavares, affiche souvent des couleurs soul-jazz et des partis pris musicaux n’ayant guère à voir avec les sons les plus connus de l’archipel. D’origine cap-verdienne, Sara Tavares ? Oui, sans doute. Mais elle a décidé d’aller au-delà de l’ambiance musicale dans laquelle ont baigné ses parents avant de s’installer au Portugal.

Sara Tavares est née à Lisbonne, en 1978. Élevée par une nourrice portugaise après la séparation de ses parents, elle a passé son enfance dans un quartier où il n’y avait aucun Africain. « Je me suis longtemps sentie un peu déracinée, différente. La musique cap-verdienne m’a donné le sentiment d’appartenir à une culture, m’a enracinée », confie la chanteuse. Elle a 15 ans lorsqu’elle découvre cette musique par l’entremise de Paulino Vieira, figure de la scène cap-verdienne lisboète, qui a aussi été le pianiste de Cesaria Evora. C’est lui qui accompagne ses débuts. Un premier voyage renforce l’attachement naissant qu’elle éprouve pour le pays de ses parents. À Praia, la capitale, sur l’île de Santiago, Sara Tavares chante avec Os Tubarões et Ildo Lobo, grand monsieur de la musique cap-verdienne décédé en 2004.

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Avant cette prise de conscience identitaire, d’autres voix interpellaient l’adolescente. D’abord celles des gospels entendus à l’église où elle accompagnait sa nourrice. Puis celles de Whitney Houston, Stevie Wonder, Aretha Franklin, qui lui « donnent la pêche » et fertilisent son inspiration. Après un disque réalisé avec le groupe Shout, dans la foulée de sa sélection pour représenter le Portugal au concours de l’Eurovision en 1994, elle enregistre à Paris, sous la direction artistique du Congolais Lokua Kanza, le premier album à son nom. Mi Ma Bô, un mix d’afro-pop et de rhythm’n’blues, sera disque d’or au Portugal.

Après Balancê, en 2006, avec lequel elle est partie conquérir les scènes du monde, Xinti confirme l’impeccable aisance de Sara Tavares à gérer ses influences. En concoctant une fusion délicate qui donne aux rythmes cap-verdiens une physionomie inhabituelle, elle incarne le métissage culturel du Portugal.

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