Nouvelle donne dans les banques
L’assainissement du secteur prépare l’arrivée d’investisseurs étrangers dans le capital des établissements du pays et préfigure une seconde vague de consolidation.
Le Nigeria a échappé de justesse au pire scénario après le limogeage, le 14 août, des directeurs généraux de cinq banques (Intercontinental Bank Plc, Afribank, Oceanic Bank, Union Bank, Finbank) par le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN). Leur mauvaise gestion a en effet conduit leurs établissements au bord du précipice. La décision a provoqué une vague de remous dans le secteur. Et un mouvement de panique a gagné des pays de la sous-région, notamment le Ghana, où sont implantées Intercontinental Bank Plc et Oceanic Bank.
La CBN a renfloué les cinq banques à hauteur de 400 milliards de nairas (1,8 milliard d’euros), sauvant le secteur de l’effondrement. Les cinq directeurs généraux sont accusés d’avoir accordé des prêts non productifs pour le montant colossal de 747 milliards de nairas selon la Banque centrale (4,8 milliards d’euros), utilisés pour financer des investissements en Bourse et dans un secteur pétrolier au plus mal. Si elle a été bien accueillie dans les milieux financiers parce qu’elle favorise une plus grande transparence, l’opération mains propres de la CBN, menée avec fermeté, rencontre toutefois la réserve de certains observateurs. Nombre d’entre eux estiment en effet qu’elle pourrait être contre-productive. Car, explique Alain Le Noir, directeur général de Finances sans Frontières, une société de conseil, l’opération « confirme que le système bancaire du Nigeria reste opaque malgré la réforme de 2004 ». Conséquence : « Le risque de refroidir l’offensive des banques nigérianes dans la sous-région est réel. Elles auront beaucoup plus de mal à attirer des clients. »
En plus du choc provoqué par cette tempête, qui ne soigne pas l’image déjà ternie des banques nigérianes, les détracteurs de Lamido Sanusi, le nouveau patron de la CBN, lui reprochent d’être à la solde du monde politique et de préparer le terrain à l’arrivée de capitaux étrangers. Des noms sont d’ores et déjà cités. Celui de la britannique Barclays, par exemple, qui pourrait revenir sur ce marché via sa filiale sud-africaine Absa. Nedbank pourrait, elle, s’appuyer sur son partenariat avec Ecobank pour prendre des parts de marché.
Américains et Chinois à l’affût
Selon Alain Le Noir, ce sont surtout « les groupes bancaires sud-africains et asiatiques qui pourraient débarquer au Nigeria ». Le pays compte 150 millions d’habitants, dont seulement 23 millions détiennent un compte bancaire. En visite à Londres le 28 août, Lamido Sanusi a indiqué que la CBN ne s’opposerait à aucune opération de rachat. À condition que celle-ci favorise plus de professionnalisme et le respect des normes internationales. Autre conséquence attendue de cette réforme, le déclenchement d’une deuxième vague de consolidation après celle de 2004 qui a ramené le nombre de banques de 90 à 24 actuellement. À terme, le Nigeria pourrait ne compter qu’une dizaine d’établissements. « L’intention des autorités est de déboucher sur un secteur financier plus sain capable de conduire la croissance nigériane. La concentration entre banques fera émerger des groupes encore plus grands. Ceux-ci initieront ou poursuivront une stratégie de développement régionale qui profitera, à termes, aux économies africaines », analyse Razia Khan, analyste de Standard Chartered Bank, à Londres.
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